Monsieur, voilà de l’éloquence.
Non, madame ; je veux dire ceci : que l’amour est immortellement jeune, et que les façons de l’exprimer sont et demeureront éternellement vieilles. Les formes usées, les redites, ces lambeaux de romans qui vous sortent du cœur on ne sait pas pourquoi, tout cet entourage, tout cet attirail, c’est un cortége de vieux chambellans, de vieux diplomates, de vieux ministres, c’est le caquet de l’antichambre d’un roi ; tout cela passe, mais le roi ne meurt pas ; l’amour est mort, vive l’amour !
L’amour ?
L’amour. Et quand même on ne ferait…
Donnez-moi l’écran qui est là.
Celui-là ?
Non, celui de taffetas ; voilà votre feu qui m’aveugle.
Quand même on ne ferait que s’imaginer qu’on aime ! Est-ce que ce n’est pas une chose charmante ?
Mais, je vous dis, c’est toujours la même chose.
Et toujours nouveau, comme dit la chanson. Que voulez-vous donc qu’on invente ? Il faut apparemment qu’on vous aime en hébreu. Cette Vénus qui est là sur votre pendule, c’est aussi toujours la même chose ; en est-elle moins belle, s’il vous plaît ? Si vous ressemblez à votre grand’mère, est-ce que vous en êtes moins jolie ?
Bon, voilà le refrain : jolie. Donnez-moi le coussin qui est près de vous.
Cette Vénus est faite pour être belle, pour être aimée et admirée, cela ne l’ennuie pas du tout. Si le beau corps trouvé à Milo a jamais eu un modèle visant, assurément cette grande gaillarde a eu plus d’amoureux qu’il ne lui