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Robert Peel à l’ouverture du parlement, et l’usage qu’il ferait de son succès.

Après quelques mois de grande agitation, la question religieuse, la question irlandaise, s’étaient donc, momentanément du moins, apaisées et pacifiées ; mais la question parlementaire restait la même et offrait les mêmes dangers. Je ne parle point de la ligue, qui toujours, sous la direction de MM. Cobden et Wilson, étendait ses ramifications, disciplinait son armée, grossissait son trésor et faisait jusque dans la haute aristocratie des conquêtes inattendues, celle, par exemple, du marquis de Westminster. Je ne parle pas des whigs et des radicaux, qui, unis et divisés à la fois, suspendaient leurs querelles intestines lorsqu’il s’agissait de combattre le ministère. Je parle surtout de la majorité ministérielle de 1842, que les dernières sessions avaient ébranlée, et dont les déchiremens intérieurs augmentaient chaque jour. Ainsi, peu de jours après la session, lord Wharncliffe, président du conseil, ayant, dans un meeting à Barnsley, traité la question de l’éducation publique et manifesté une tendance fortement laïque, ce fut, dans la fraction ultra-tory un redoublement de gémissemens et d’imprécations. Ainsi encore, le bruit s’étant répandu à Dublin que sir Robert Peel préparait une mesure fort libérale sur le séminaire catholique de Maynooth et sur l’université irlandaise, neuf évêques protestans sur quatorze protestèrent contre de tel projets, et furent vivement soutenus par un portion notable de la population. La question du bill de dix heures et de la situation des populations industrielles continuait aussi à agiter le pays, et donnait lieu à de singuliers déplacemens d’influences et de votes. A Birmingham, chef-lieu du radicalisme, un tory, M. Spooner, avait été élu à 300 voix de majorité contre M. Scholefield, candidat whig, et M. Sturge, candidat radical, parce qu’il promettait de voter pour le bill de dix heures. Sur plusieurs points du territoire enfin, on voyait se former les associations pour améliorer la demeure des pauvres ouvriers, pour leur fournir les bains gratuits, pour leur donner la jouissance d’un petit coin le terre, pour créer en leur faveur des promenades bien aérées, associations excellentes en soi, mais que le parti ministériel dissident exploitait avec habileté et opposait au tendances, selon lui, trop manufacturières de sir Robert Peel.

Il est inutile de dire que dans ce mouvement anti-ministériel et anti-manufacturier la jeune Angleterre, qui alors reconnaissait encore pour chef M. d’Israëli, ne manqua pas de se signaler. Un jour, à Manchester, elle se rencontrait sur un terrain neutre, celui de la fondation