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de tout un peuple et son église officielle. La chambre des députés du royaume de Saxe est saisie en ce moment de ces questions périlleuses ; des milliers de pétitions sont envoyées aux chambres, et les ministres ont déclaré que les demandes reconnues admissibles seraient jugées par les voies constitutionnelles. Quand la Prusse poursuit avec rigueur les amis des lumières, elle proclame aussi par cela même qu’elle sait maintenant où est la question véritable. Et pourquoi sévit-on contre les amis des lumières ? pourquoi ne poursuit-on pas les piétistes, les rationalistes, les vieux luthériens, tous ceux enfin qui demandent avec eux l’abolition du symbole officiel et la séparation de l’église et de l’état ? Parce que de tous ces partis celui-là est le plus hardi, parce qu’il est guidé dans ses demandes, non par la foi religieuse, comme les autres, mais par la liberté d’esprit la plus résolue ; parce qu’enfin il est plutôt un parti politique qu’un parti religieux, et qu’il entraîne à sa suite tous les libéraux, tous les esprits ardens, tous ceux qui convoitent ces garanties constitutionnelles sans cesse promises, sans cesse ajournées. Or, de telles rigueurs sont une mauvaise réponse à des questions devenues si pressantes, et il faudra bien que la Prusse, comme la Saxe, s’efforce de résoudre pacifiquement ces problèmes et de concilier tous les droits.


VI.

Nous avons exposé dans leur ensemble les difficultés sans nombre qui viennent de se révéler brusquement en Allemagne, et qui sont aujourd’hui, pour les cabinets du Nord, l’affaire la plus urgente, la plus sérieuse préoccupation. Maintenant, est-ce à nous de conclure ? et nous appartient-il de proposer une solution à de si graves embarras ? Nous n’avons voulu qu’une chose, nous rendre un compte exact de la situation de l’Allemagne, introduire le lecteur au milieu de ces luttes, et le préparer, nous préparer nous-même, à suivre le cours de ces grandes affaires. La chambre des députés du royaume de Saxe aura prochainement résoudre les questions que nous avons indiquées, et celle-là surtout qui contient toutes les autres, le problème de l’église et de l’état, lequel est bien plus compliqué chez nos voisins que partout ailleurs. Déjà M. de Könneritz, ministre des cultes, a exposé dans un long discours le système qu’il propose, et qui n’est autre chose que le statu quo, le maintien absolu de la confession d’Augsbourg, le rejet