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III.

1. Et il y avait encore un autre prêtre catholique nommé Czerski, lequel, inspiré par l’esprit saint,

2. Prêcha la pure doctrine de Jésus, telle que Jésus l’avait prêchée.

3. Et ses chefs devinrent ses ennemis et l’arrachèrent à ses fonctions.


Ce nouvel évangile continue, long-temps dans la même forme, et l’évangéliste, à son dernier chapitre, invite tous les chrétiens, catholiques, nouveaux catholiques, catholiques grecs, luthériens, réformés, à une réunion définitive sous les auspices de M. Ronge, doué d’un sens si net et d’une si grande vigueur d’esprit ! Il y est dit qu’on fera la pâque, non pas avec le levain de la méchanceté et de la ruse, mais avec le pur froment de la franchise et de la vérité. Tout cela est très biblique en effet, mais on avouera que la légende commence un peu tôt pour M. Ronge. Incurable faiblesse de l’humanité ! ce grand ennemi de la superstition et du fanatisme a déjà ses partisans fanatiques et superstitieux.

Il y a pourtant des écrits plus sérieux dans cette polémique ; ce sont ceux-là surtout qui, s’inquiétant peu de Ronge et de Czerski, étudient les questions soulevées tout à coup dans la société, dans le droit, dans la politique, par les troubles religieux de l’Allemagne. M. Wilhelm Schneegans a publié un travail fait avec soin sur les rapports de l’église nouvelle avec l’état, et sur les réformes qu’exige impérieusement la situation actuelle du culte évangélique. J’ai lu de M. Hinrichs, professeur à Halle, une brochure curieuse intitulée : Trèves, Ronge, Schneidemüihl, considérés par rapport à l’état et au droit public. M. Hinrichs reprend ici les idées exprimées par lui, il y a trois ans, dans sa chaire, et qu’il a exprimées dans ses Politische Vorlesungen ; il est un de ceux qui ont toujours désiré ardemment la double réforme du protestantisme et du catholicisme, et leur union dans une forme supérieure ; il a cru voir dans les évènemens de Laurahütte et de Schneidemühl sa chimère tout à coup réalisée, et il s’est intéressé au succès de M. Ronge avec une ardeur toute juvénile. Cette partie est la plus faible de son livre ; mais, quand il arrive aux problèmes politiques, son travail est instructif et mérite d’être consulté.

J’espérais trouver quelque mérite de pensée dans l’écrit de M. Wolfgang Menzel, Sur les Affaires de l’Église. Je n’y ai rien trouvé qu’un long réquisitoire contre la presse en général, et une série d’injures