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Que l’union enfante la liberté ;
Réunissons donc aujourd’hui toutes nos forces,
Et l’oppression de l’étranger finira.

Depuis la Dewna jusqu’à l’Ararat,
Depuis Béring jusque par-delà les Balkans,
Nous nous embrasserons gaiement,
Et nous formerons le chœur de tous les Slaves.

A bas les étrangers, ils nous oppriment.
Ils sont la cause de tous nos maux.
A bas, à bas les étrangers ! mort
A ceux qui oppriment les Slaves !

Et à nous, Slaves, enfans de la lumière,
Enfans du même père,
Longues et longues prospérités,
D’aujourd’hui jusqu’à la fin des temps !


A L’AIGLE RUSSE.


Tu as placé haut ton nid,
Aigle slave du Nord !
Tu as développé tes larges ailes,
Tu as atteint le plus haut point du ciel.

Vole ! mais dans l’océan d’azur et de lumière
Où le sein qui bat avec force
S’échauffe au foyer de la liberté,
N’oublie pas tes pauvres frères.

Tourne tes regards vers les steppes du midi,
Vers le couchant lointain :
Tu verras de tes frères, là où mugit le Danube,
Là où les Alpes se couvrent de neiges.

Tu en verras dans les cavernes des Karpathes,
Dans les forêts et les ravins des Balkans,
Dans les filets des traîtres Teutons,
Dans les chaînes d’acier des Tartares.

Tes frères enchaînés soupirent après le moment
Où ils entendront ton cri de délivrance,
Où tu étendras comme pour les embrasser
Tes ailes au-dessus de leurs têtes.

Oh ! souviens-toi d’eux, aigle du Nord !
Envoie-leur ton appel sonore,
Console-les dans la nuit de leur esclavage
Par la lumière éclatante de ton indépendance.

Donne-leur la force de l’ame,
Nourris-les de l’espoir d’un meilleur avenir.
Réchauffe par un amour ardent
Le froid de leurs cœurs fraternels.