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pensé la section de législation en présentant M. Vivien en première ligne aux suffrages de l’Académie ; l’Académie ratifiera le jugement de la section de législation.



LES POÈTES OFFICIELS RUSSES EN BULGARIE.

Personne n’ignore que la Russie convoite la possession de la Turquie d’Europe, personne n’ignore tout ce que sa politique a de hautain et d’impérieux à Constantinople ; mais on ignore généralement les trames mystérieuses qu’elle ourdit sans cesse soit en Servie, soit en Bosnie, soit en Bulgarie, soit en Macédoine. De nombreux voyageurs russes parcourent ces provinces ; ils échauffent le zèle des uns, ils réveillent les sympathies des autres, ils annoncent un avenir meilleur. Après avoir fait répandre des proclamations qu’on se passait de main en main, le gouvernement russe a réfléchi que, le peuple entier ne sachant pas lire, ces proclamations ne produisaient pas tout l’effet qu’il avait pu en attendre ; il s’est, par conséquent, décidé à demander à ses poètes officiels des chants qui, comme ceux des Klephtes qu’a recueillis, qu’a traduits M. Fauriel, fussent de nature à émouvoir les populations serbes et slaves. Le peuple aime les chants, il les écoute et les répète ; c’est donc un moyen d’action autrement puissant que ceux qui avaient été employés jusque-là.

Les deux chants qu’on va lire nous ont été communiqués par un de nos amis qui a visité plusieurs fois l’Orient, et qui en est revenu tout récemment encore. Celui qui a pour titre un Russe à ses Frères de race est attribué à M. Rosenvotod, de Pereyastov. Celui qui est intitulé : à l’Aigle russe, a été composé par M. Homiakof, poète russe pensionné par son gouvernement ; c’est un nommé Palaousof qui, voyageant en Bulgarie avec un passeport moscovite, dans les premiers mois de 1845, l’a répandu dans cette province. Ce Palaousof est Bulgare ; mais son père est employé à Odessa, qu’il habite depuis long temps. Avant de partir pour la Bulgarie, M. Palaousof avait reçu les instructions de l’ambassadeur russe à Constantinople, M. de Titof. Il s’est plus particulièrement arrêté à Tournowa et à Philippopoli, et c’est dans ce dernier lieu que ce chant a d’abord été distribué. Depuis, il est parvenu dans d’autres parties de l’empire, et à Constantinople même, avec le timbre de la poste d’Odessa, ce qui prouve que le gouvernement russe en a toléré la distribution.


UN RUSSE A SES FRÈRES DE RACE.

Salut, frères de même race,
Enfans de la même souche,
Branches de l’arbre qui nous a produits !
Salut à la grande famille des Slaves !