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Plusieurs, attachés à Paris par le vœu et l’intérêt d’une famille puissante, peu séduits par les honneurs du pouvoir dans quelque résidence obscure et éloignée, ont refusé des places offertes à leur ambition plus exigeante ; ces refus, dont on ne devait point tenir compte, ont fait accuser le corps entier d’élever trop haut ses prétentions, et les auditeurs n’ont aucun avenir assuré. Cette institution, que l’empereur avait fondée et d’où sont sortis tant d’hommes distingués, n’est plus qu’une impasse qui ne conduit à rien. On lui a créé d’ailleurs la plus maladroite des concurrences par l’établissement bâtard des attachés au ministère de l’intérieur, auditeurs au petit pied, qu’on nous passe le mot, superfétation parasite, à laquelle le ministre président du conseil d’état n’aurait pas dû consentir. Les attachés ont de moins que les auditeurs la faculté d’assister aux discussions si attachantes et si instructives du conseil d’état. Ils ont de plus la participation au travail des bureaux ; mais la plupart s’y montrent rarement, et les chefs de service se prêtent de mauvaise grace à faire l’éducation de jeunes gens qui doivent les quitter précisément à l’heure où ils deviendraient utiles. Trop souvent enfin le titre d’attaché n’est qu’une faveur nominale destinée à en préparer de moins vaines, sans les justifier. Pour compléter des études préparatoires, ou nulles ou insuffisantes, on introduit les plus heureux dans les conseils de préfecture, avec les fonctions de secrétaire-général, dans les chefs-lieux où ces fonctions ne forment point un emploi distinct. Nous n’approuvons pas ces nominations. Les conseils de préfecture sont des tribunaux administratifs, appelés souvent à prononcer sur les plus graves questions : il y faut de l’expérience, de la maturité, une pratique déjà longue. Ce n’est pas là que doit se faire l’apprentissage administratif. Nous en dirons autant des fonctions de secrétaire-général, qui consistent surtout dans la connaissance exacte des traditions administratives et locales, l’habitude de l’ordre, le respect inflexible de la règle, qualités essentielles qui ne sont point l’attribut ordinaire de la jeunesse.

À tous les détails dans lesquels nous sommes entré se rattache une observation générale, qui servira de conclusion à ce que nous avons dit sur le noviciat dans les services publics. Nous avons vu l’état ouvrir des écoles savantes pour préparer les hommes qui doivent entrer dans l’armée, dans les ponts-et-chaussées, dans les mines, dans l’instruction publique. Les facultés de droit, sauf les épreuves ultérieures dont nous avons signalé le besoin, instruisent les aspirans aux emplois de la magistrature, mais ceux qui prétendent à l’honneur de