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Exagérant les suites de cet accablement passager, les journaux prussiens en concluaient que la Pologne achevait son agonie, et sur ses ruines ils croyaient déjà voir s’implanter irrésistiblement la puissance germanique ; mais à la clôture de cette diète, qui a été la septième du grand-duché, une agitation inattendue s’est manifestée parmi les nonces. N’ayant pu encore obtenir la liberté de la presse, ils avaient espéré que le roi permettrait au moins de publier les débats parlementaires. Lorsqu’ils ont vu que cette publicité se bornait à un simple compte-rendu, qui même, avant de paraître, devait être révisé par le commissaire royal, ils n’ont pu s’empêcher de protester, et l’assemblée s’est séparée au milieu d’une irritation générale.

Il est une autre diète où les turbulences slaves commencent également à se faire sentir ; cette diète est celle de la Silésie. Dans cet ancien duché polonais, quoique la bourgeoisie soit tout entière devenue allemande, la majorité de la population est encore slave de langue et de mœurs, et consacre par là même aux évènemens de Pologne une~grande attention. Excitée par l’exemple des nonces de Posen, la diète de Breslau, en 1844, s’est montrée presque révolutionnaire. Elle s’est prononcée unanimement dans le sens d’une réforme électorale qui permettrait aux paysans de prendre une part active à la chose publique. En effet, les deux millions et demi de paysans de la Silésie n’ont à la diète que seize représentans, tandis qu’il y en a trente-neuf pour la noblesse, qui compte à peine six mille personnes, et les villes, qui toutes ensemble ne renferment pas un demi-million d’habitans, élisent vingt-huit députés. Outre l’oppression aristocratique, les indigènes de Silésie ont encore à supporter un autre fléau, celui qu’ils appellent la slavophagie allemande. Il n’y a point dans ce pays, comme dans le duché de Posen, de hautes écoles polonaises ; l’allemand est la langue adoptée pour l’enseignement et le commerce. La diète elle-même délibère et vote en allemand. Un état de choses à peu près analogue régit la Silésie autrichienne, et pourtant jusque dans ces provinces on sent la réaction slave. C’est que ces populations s’appuient sur la Pologne, et, malgré les efforts de l’Allemagne pour les absorber, les Polonais savent, partout où ils habitent, se maintenir comme nation à part, sans jamais perdre de vue leur avenir.

De tous les résultats obtenus par les différentes diètes et par les écrivains libéraux, en Pologne comme dans les autres pays slaves, le plus digne d’attention est le rapprochement fraternel qui commence à s’opérer entre les nobles et les paysans. Cet heureux rapprochement est de plus en plus facilité par les progrès que fait l’instruction dans les