en moyenne 22 sh. 6 d. (28 fr. 60 c.) par semaine, ou près de 5 francs par jour ; mais dans la ville voisine de Bolton, la moyenne des salaires s’élevait alors à 26 sh. 6 d. (33 fr. 75 c.) pour les mêmes ouvriers. Les fileurs de Preston, excités par des émissaires de l’union, demandèrent à être mis sur le même pied que leurs voisins. Les fabricans s’assemblèrent, et, reconnaissant qu’il y avait quelque chose de fondé dans ces plaintes, ils offrirent une augmentation de 10 pour 100, qui reportait le salaire de la semaine à un taux nominalement inférieur de 1 fr. 15 c. au prix de Bolton, mais tout-à-fait égal, si l’on tenait compte du bon marché des denrées. On ne parvint pas à s’entendre, et les 42 filatures de la ville s’arrêtèrent à la fois.
Dans les premiers jours qui suivirent la rupture, le peuple fit bonne contenance ; il ne paraissait éprouver ni souffrances ni regrets. Cependant cette attitude stoïque ne tarda pas à se démentir. Il y avait à peine un mois que le travail avait cessé, quand les rues de la ville se remplirent de mendians ; l’administrateur des secours publics (overseer) fut assiégé de demandes, et la population du dépôt de mendicité s’accrut rapidement. A cette époque, les fileurs recevaient de l’union une subvention de 5 shillings par homme et par semaine ; les rattacheurs, de 2 à 3 shillings ; quant aux cardeurs et aux tisserands, ils n’avaient d’autres ressources que la pitié des manufacturiers, qui se manifestait par l’aumône d’un morceau de pain chaque jour.
Vers le milieu de décembre, les fonds de l’union se trouvaient épuisés. Le conseil municipal, ému de cette détresse universelle, vota un faible secours de 100 livres sterling. Il était évident que la lutte touchait à son terme. Les manufacturiers prirent la résolution d’ouvrir leurs ateliers, annonçant qu’ils ne retireraient pas l’offre faite par eux d’augmenter de 10 pour 100 les prix courans du travail, mais exigeant de chaque ouvrier qu’ils admettaient l’engagement de rompre avec l’union. La première semaine qui suivit cette déclaration, quarante fileurs seulement répondirent à l’appel des maîtres ; dès la seconde semaine, on en comptait cent ; quarante furent en outre attirés des villes voisines, et les services des autres devinrent moins nécessaires, les maîtres s’étant décidés à employer des métiers renvideurs. A la fin de la querelle, deux cents fileurs, ceux qui avaient soulevé et prolongé l’agitation, remplacés par d’autres ouvriers, se virent réduits à quitter la ville.
Durant cette collision, soixante-quinze personnes furent arrêtées pour causes d’ivresse ou de désordre ; douze furent condamnées à l’emprisonnement, comme s’étant rendues coupables de menaces ou