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persuadé que la chute de l’ancienne administration est la principale cause de l’anarchie qui dévore en ce moment les provinces de la Syrie. Depuis l’expulsion de l’émir Béchir et la substitution d’un système mixte à une administration unique, nationale et chrétienne, aucune force n’a été capable de maintenir l’ordre dans la montagne, et d’apaiser les haines qui divisent les deux races. Il avait été stipulé dans l’origine, et par les soins de la France, qu’au moins le nouveau système garantirait l’indépendance réciproque des Maronites et des Druses, que chacune des deux races serait administrée par ses chefs particuliers, que toutes les mesures seraient prises pour que l’une ne fût pas opprimée par l’autre. Ces conditions n’ont pas été remplies. Le gouvernement turc a de bonnes intentions : l’esprit qui anime le divan est un esprit de civilisation et d’équité ; mais il n’en lest pas de même dans les provinces de l’empire. Là, et en Syrie plus qu’ailleurs, domine le fanatisme musulman, toujours porté aux excès d’une politique violente et sanguinaire. Au lieu de maintenir la paix entre les Maronites et les Druses, les fonctionnaires turcs ont fomenté la discorde entre les deux races pour les affaiblir l’une par l’autre ; au lieu de garantir leur indépendance réciproque, ils ont soutenu les Druses contre les Maronites ; ils ont trempé leurs mains dans le sang chrétien. D’un autre côté, le bruit court que les agens de l’Angleterre ne sont pas restés dans les limites d’une intervention impartiale. M. Guizot ne les accuse pas : il est persuadé au contraire que le gouvernement anglais travaille, comme la France, à assurer l’indépendance respective des deux races ; mais le témoignage unanime des Français et des étrangers qui habitent la Syrie a signalé le consul anglais de Beyrouth comme le protecteur des Druses et comme le principal instigateur de l’insurrection du Liban.

Le remède, selon M. Guizot, c’est le retour à l’ancien mode d’administration, au système d’une autorité prépondérante et chrétienne. Le gouvernement français parle et agit dans ce sens ; mais il rencontre de graves difficultés. Il lui faut ménager l’indépendance de la Porte, dont l’affermissement est nécessaire à l’intérêt de la France ; il lui faut lutter contre le cabinet anglais, dont l’opinion, conforme à celle de notre gouvernement sur la nécessité de mettre un terme à l’anarchie sanglante de la Syrie, diffère sur les mesures à prendre pour obtenir ce résultat. Du reste, M. Guizot déclare que sa politique, en Orient, ne sera pas entravée par l’obligation de concerter ses mouvemens avec ceux des autres puissances protectrices de l’empire ottoman. La France, a dit M. le ministre des affaires étrangères, n’est pas enchaînée par la quintuple alliance. Le gouvernement français ne s’est pas lié les mains. Il n’a pas abandonné le droit de protéger à lui seul les chrétiens d’Orient, toutes les fois qu’il le jugerait nécessaire. La France a conservé tous ses anciens privilèges. Quand le gouvernement français se concerte avec les autres puissances, c’est qu’il pense que cela vaut mieux dans l’intérêt des populations qu’il veut secourir. Dès qu’il voudra exercer son protectorat sans consulter personne, il sera libre de le faire. On ne pouvait demander à