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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.


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14 juillet 1845.


Le ministère a réussi dans ses négociations avec la cour de Rome. Sur un ordre du général de la société, les jésuites de France seront dispersés, leurs maisons seront fermées, leurs établissemens seront dissous. Ceux d’entre eux qui voudront résider sur le territoire français rentreront dans la catégorie du clergé ordinaire ; ils seront soumis à l’autorité des évêques et des curés. Telles sont les concessions obtenues par M. Rossi. Nous ne chercherons pas à diminuer l’importance de ce résultat ; c’est un évènement heureux pour le pays et un succès pour le ministère. Si le cabinet du 29 octobre avait eu souvent de pareilles fortunes, son existence n’aurait pas été si vivement débattue.

Le gouvernement pouvait s’armer de la loi et frapper directement les jésuites ; il a mieux aimé prendre la voie pacifique et conciliante des négociations. Ce parti, plus sage en apparence, n’était pas cependant sans danger : un échec diplomatique eût pu compromettre la situation du gouvernement ; mais la négociation a réussi. Dès-lors, il n’y a que des éloges à adresser au cabinet. Dira-t-on qu’il a humilié la France devant la cour de Rome ? Nous ne pouvons supposer que le ministère, en négociant avec le saint-siège, n’ait pas réservé les droits de la France. Si la négociation eût échoué, les lois eussent été exécutées. Le ministère a négocié pour prévenir une conclusion irritante, pour calmer des scrupules religieux, pour ménager des susceptibilités ; il a voulu que Rome fût avertie, et qu’elle vînt mettre le poids de son opinion dans la balance. Cette conduite n’est point de la faiblesse ; c’est de la modération et de l’habileté. Les jésuites diront qu’ils ont cédé devant Rome et non