LA POÉSIE LYRIQUE
EN ALLEMAGNE.
Édouard Moerike’s Gedichte[1]
On sait de quel ordre d’idées naquit, vers les premières années du siècle, le mouvement romantique en Allemagne ; l’étude des anciens, jointe à l’esprit critique du protestantisme, avait, sinon complètement détruit, du moins fort compromis ce que j’appellerai l’élément naïf dans la poésie. Les esprits éminens de l’époque, Tieck et Novalis à leur tête, sentirent qu’il fallait réagir, et soudain à l’antiquité on opposa le moyen-âge, à l’art réel et qui a conscience de sa force et de sa beauté l’art qui s’ignore, l’art populaire, l’art naïf. Ce fut alors l’époque des fabliaux et des légendes, l’ère du merveilleux. Les caractères humains, agissant dans un but humain et conséquent, disparurent ; la nature devint un théâtre d’illusions et de fantasmagories, de scènes occultes représentées par des ombres insaisissables défilant
- ↑ Un vol. in-18. Stuttgard et Tubingen, chez Cotta. — Paris, chez Klincksieck.