des caractères orographiques les plus saillans de cette contrée, L’Altaï est presque partout composé de grands plateaux à sommets planes et déprimés, couverts de vastes nappes de marais, et rappelant sur une vaste échelle les fagnes de l’Ardenne et de l’Eifel. Des vallées profondes, à bords presque perpendiculaires, séparent ces sommités aplaties. La planche où sont reproduits les premiers contreforts des Alpes de Katoune donne une idée très nette de cette conformation remarquable. Toutes les hauteurs du Saldjar présentent l’aspect d’une plaine profondément crevassée comme elle l’aurait été si une force puissante, agissant à de grandes profondeurs, l’eût soulevée au-dessus de son niveau primitif sans y produire d’autre changement que de la fendre en divers sens.
Telle est en effet, selon toute apparence, l’origine des monts Altaï. On sait que notre globe présente sur mille points de sa surface des traces irrécusables de ces grands bouleversemens ; on sait que depuis les belles recherches des géologues de nos jours, et surtout de MM. de Buch et Élie de Beaumont, la formation des grandes chaînes de montagnes par soulèvement a été mise hors de doute. L’Altaï n’échappe pas à cette loi commune, et tout dans sa constitution donne raison à cette théorie admirable qui a permis de préciser l’âge relatif des montagnes, de reconnaître parmi ces pics sourcilleux, qui tous ont précédé sur la terre l’apparition du genre humain, quels étaient les aînés et les cadets. Bien plus, il présente avec plusieurs autres chaînes, avec nos alpes en particulier, cet autre trait de ressemblance, que la force de soulèvement a agi à deux reprises et dans deux directions différentes. Dans l’Altaï occidental, l’alignement général des chaînes est dirigé du nord-ouest au sud-est ; dans l’Altaï oriental, les crêtes montagneuses se dirigent, soit du nord au sud, soit du nord-est au sud-ouest. Ces deux directions se touchent aux Alpes de Katoune, et là comme dans nos Alpes, se trouve le pic le plus élevé de la chaîne. Dans l’Altaï, la Belouha, haute de près de 9,000 mètres, représente notre Mont-Blanc ; elle est, comme lui, entourée de vastes lacs dont les rives perpendiculaires plongent dans des eaux profondes, et de vallées cratériformes dont les cimes contournées portent l’empreinte irrécusable des forces opposées qui les ont arrachées aux entrailles de la terre.
Ces révolutions effrayantes qui ont si profondément bouleversé la surface du globe, élevé les montagnes et creusé les vallées, ont pour cause unique peut-être l’éruption de roches ignées analogues au granite. Dans les Alpes, dans plusieurs autres chaînes, ces roches se montrent presque partout à découvert, surmontant de leurs pointes