de Brienne, archevêque de Sens, ministre impopulaire, reçut l’ordre de donner sa démission. Le comte d’Artois avait insisté long-temps auprès de Louis XVI pour qu’on retirât au ministre son portefeuille. « Pourquoi cet acharnement ? » lui demanda le roi. — « Parce que je n’ai pas envie d’aller mendier mon pain à l’étranger ! » répondit Charles X, qui devait aller expirer à Goritz.
Aucun besoin de dénigrement ne paraît chez Swinburne ; les vertus privées de Louis XVI, la grace si délicate de la haute noblesse, la situation isolée de Marie-Antoinette, le touchent profondément. Il parle en passant du duc de Chartres, aujourd’hui le roi Louis-Philippe, comme d’un jeune homme « très bien élevé, d’excellentes manières, plus réservé et plus strict pour le ton et la tenue que le reste de la cour. » Il raconte une scène pathétique entre la reine et mistriss Swinburne en 1790. « Vous partez, lui dit la reine ; vous allez retrouver votre mari et vos enfans. Vous êtes bien heureuse ! » Et la reine pleura.
Ce qui résulte de ces deux volumes de fragmens incomplets c’est un enseignement profond qui manque et au docteur Schlosser et à lord Brougham ; c’est l’affaissement de toutes les monarchies, le délabrement du système et des individus qui le maintenaient en Espagne, en Italie, en Sardaigne, en France, l’épuisement des familles nobles et l’urgente décadence sous le poids de laquelle les trônes méridionaux allaient crouler. Ce point de vue si important, qui n’est celui ni du whig, tout préoccupé du progrès des sciences physiques, ni du professeur, trop bien au courant de la littérature germanique et de ses variations, doit désarmer la colère et la haine, et apprend l’indulgence au philosophe. Qui n’aurait pitié de ces vieilles races placées sur une pente si fatale, élevées pour le pouvoir, incapables de le garder, entourées d’ennemis, sentant le terrain qui cédait sous leurs pas, débordées de toutes parts par les classes bourgeoises et inférieures, ne faisant pas un mouvement qui ne fût une faute, pas une faute sur laquelle des torrens de clartés ne vinssent se répandre, ne pouvant ni se rattacher aux philosophes sans prêter de la force à leurs ennemis, ni résister au mouvement sans périr ?
Une exacte connaissance des littératures de l’Europe, et même celle de la marche des sciences, ne suffisaient pas à qui voulait écrire l’histoire du XVIIIe siècle. L’indispensable comparaison des idées et des choses à travers l’Europe entière avait besoin d’être éclairée par la connaissance non moins approfondie de l’état où se trouvaient les