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songeait pas en commençant son expérience. Il constata que les boutons étaient entièrement semblables dans les deux cas.

Une des questions les plus délicates à traiter par les concurrens était celle de l’utilité des revaccinations ; c’est aussi une de celles qui ont été le plus complètement résolues. D’expérience parlait en grand. En Allemagne, où depuis quelques années les épidémies de variole reprenaient leur ancien caractère et devenaient menaçantes, les gouvernemens se sont émus. Les vaccinations, les revaccinations ont été surveillées avec un soin extrême chez les populations libres : les armées ont été revaccinées en masse et les épidémies ont cessé. Dans le Wurtemberg, entre autres, depuis l’adoption de ces mesures, on n’a observé que huit cas de varioloïde sur plus de quarante-deux mille revaccinés, tant civils que militaires, tandis que les personnes qui n’ont subi qu’une seule fois cette petite opération fournissent environ le tiers des malades atteints par la petite vérole.

C’est principalement dans la période qui s’étend de l’âge de quatorze ans à celui de trente-cinq que l’homme ou la femme vaccinés une première fois paraissent être encore exposés aux atteintes de la variole. En temps d’épidémie, le danger commence plus tôt, et l’on voit des enfans de neuf ans payer leur tribut à cette cruelle maladie. Ainsi, il est prudent, en temps ordinaire, de se faire revacciner vers l’âge de quatorze à quinze ans, et quatre ou cinq ans plus tôt, si l’on se trouve compris dans le rayon d’activité de quelque foyer épidémique. Cette opération est tellement simple et si peu douloureuse, qu’on ne saurait lui opposer la moindre objection sérieuse, surtout en tenant compte de la sécurité qu’elle assure aux individus aussi bien qu’à la société. Ce dernier résultat est de nature à attirer toute l’attention de l’autorité. En présence des succès qui ont couronné les efforts de la Prusse, du Hanovre et du Wurtemberg, le gouvernement français serait coupable, s’il négligeait les mesures nécessaires pour arrêter le développement d’épidémies qui, sans être aussi meurtrières que par le passé, n’en font pas moins encore de trop nombreuses victimes.


M. Lewy a étudié avec soin les propriétés des diverses espèces de matières répandues dans le commerce sous le nom de cires. Il s’est assuré que plusieurs d’entre elles, d’origine purement végétale, présentaient la plus grande analogie avec la cire de nos abeilles. Ses recherches l’ont d’ailleurs conduit à un résultat qui intéresse vivement une des plus grandes questions de physiologie générale. On trouve sur les bords du Rio-Caqueta un petit insecte appelé par les Espagnols areja, et qui ressemble assez à nos abeilles, dont il’ diffère surtout en ce qu’il ne porte point d’aiguillon. Cet insecte, que les naturalistes classent dans le genre mélipone, construit sur les arbres un grand nombre de petites ruches que les Indiens Tomas recherchent pour en extraire une cire désignée sous le nom de cera de los anadaquies. M. Lewy a reconnu que ce produit était presque uniquement composé d’un mélange de cire des cannes à sucre et de cire de palmier, exactement semblables à celles