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DU RÔLE


DE


LA DIPLOMATIE EUROPEENNE


DANS


LA QUESTION DES FRONTIERES TURCO-GRECQUES.[1]




L’agitation croissante de l’Hellade et les menées de l’Angleterre dans ce royaume ont été récemment signalées à la chambre par M. Duvergier de Hauranne en des termes qui auraient pu décider le ministère à donner les explications demandées, si l’embarras du cabinet n’était évident. Malheureusement le discours trop succinct de l’orateur n’a pu suppléer au silence des ministres : pour obtenir quelques éclaircissemens sur la situation de la Grèce, on est forcé de recourir aux études politiques publiées, il y a quelques mois, par l’honorable député dans cette Revue même. Mais, depuis cette époque, la Grèce a marché, sa politique sur plusieurs points s’est singulièrement mûrie ou modifiée. Ainsi, M. Duvergier blâmait un des journaux les plus libéraux de l’Angleterre, l’Examiner, qui « tourne en dérision l’idée d’étendre un jour les frontières de la Grèce, et de lui rendre les provinces qui lui appartiennent naturellement par la langue et l’histoire, » et il ajoutait ces remarquables paroles : « Un jour ou l’autre, la question des frontières se posera dans les conseils de l’Europe, et il faudra que chacun ait son avis. L’équivoque alors ne sera plus possible, et la Grèce verra clairement où sont ses véritables amis. » A en croire les bruits inquiétans qui nous viennent de Constantinople,

  1. Voyez la livraison du 15 octobre 1844 et du 1er  janvier 1845.