Page:Revue des Deux Mondes - 1845 - tome 10.djvu/710

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ce serait une faute d’appeler trop vivement l’attention du public vers l’analyse indéterminée. D’ailleurs, ajoute-t-il, doit-on, « à raison de quelques lignes de Fermat, réimprimer le Diophante tout entier ? » Quant aux manuscrits inédits rassemblés par Arbogast, le rapporteur, qui ne les a jamais vus, déclare qu’ils n’offrent pas un grand intérêt, et qu’en tout cas ils ne fourniraient qu’un petit nombre de pages à la nouvelle édition. Ayant ainsi amoindri en étendue et en importance les œuvres de Fermat, l’honorable rapporteur arrive à cette conclusion, qu’il ne resterait pas la matière des deux volumes projetés par M. Villemain, et il demande que cette édition soit complétée par les écrits d’autres savans français, parmi lesquels il cite Viete et Descartes, au sujet de l’application de l’algèbre à la géométrie, Pascal et Roberval, en ce qui concerne quelques-uns de leurs travaux mathématiques et la presse hydraulique, et enfin Papin, pour ses conceptions de la machine et des bateaux à vapeur.

Assurément, si le gouvernement formait le projet de réimprimer les écrits les plus importans des géomètres français, nous applaudirions à cette mesure, surtout si elle s’appliquait à des ouvrages dont la rareté est égale au mérite, et non pas, par exemple, aux travaux mathématiques de Pascal et de Descartes, qui ont été réimprimés récemment et que l’on peut se procurer partout à bas prix ; mais accoler d’autres ouvrages aux écrits de Fermat, ce serait déclarer en quelque sorte que ceux-ci ne méritent pas d’occuper seuls le public, et atténuer la portée d’une grande manifestation nationale. Du reste, nous pensons que l’on ne s’est formé une juste idée ni des écrits de Fermat, ni de ceux qu’on voudrait y joindre. Si l’on adoptait les idées émises dans le rapport, il est fort à craindre que, tout en donnant une édition incomplète des œuvres de Fermat, on ne dépassât de beaucoup les limites de deux volumes. D’ailleurs, quelle relation y a-t-il entre la machine à vapeur et les travaux mathématiques de Fermat ? On dirait, Dieu nous pardonne, que l’honorable rapporteur de la chambre des députés, plus familiarisé avec les instrumens d’astronomie et d’optique qu’avec les matières qui formaient l’objet habituel des méditations scientifiques de Fermat, non-seulement n’a pas saisi les indications de M. Villemain relativement aux divers recueils qui contiennent les écrits de Fermat, mais que même il n’a ouvert le Diophante avec les notes de Fermat et les Opera varia qu’à cette occasion ; et fort à la hâte. En effet, après avoir assuré qu’il en a fait le calcul, il déclare que les notes de Fermat sur l’ouvrage de Diophante forment en somme l’équivalent de dix à douze pages, qu’il réduit