Page:Revue des Deux Mondes - 1845 - tome 10.djvu/681

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

non corrigé (non corretto, est-il dit en marge), il nous le pardonnera en faveur du témoignage qu’il y rend à son ami :

… Col tuo secondo duca
Te vidi io prima, e de le sacre danze
O dimentica o schiva ; e pur si franco,
Si numeroso il portamento, e tanto
Di rosea luce ti floriva il volto,
Che Diva io ti conobbi, e t’adorai.
Ed ei si lieto ti ridea, si lieta
D’amor primiero ti porgea la destra,
Di si fidata compagnia, che primo
Giurato avrei che per trovarti ei l’erta
Superasse de l’Alpe, ei le tempeste
Affrontasse del Tuna, e tremebondo
Da la mobil Vertigo e da l’ardente
Confusion battuto in sul petroso
Orlo giacesse. Entro il mio cor fean lite
Quegli avversarj che van sempre insieme
Riverenza ed Amor : ma pur si pio
Aprivi il riso, e non so che di noto
Mi splendea ne’ tuoi guardi, che Amor vinse,
E m’appressai securo. E quel cortese
Di cui cara l’immago ed onorata
Sarammi, infin che la purpurea vita
M’irrigherà le vene, a me rivolto,
Con gentil piglio la tua man levando,
Fea d’offrirmela cenno. Ond’ io piu baldo
La man ti stesi…

La première fois que je te vis, c’était avec ton second guide, tu avais oublié ou tu dédaignais les danses sacrées, et pourtant ta démarche était si aisée et si pleine de nombre, ton visage rayonnait d’une si rose lueur, que je te reconnus aussitôt déesse, et que je t’adorai. Et lui, il te souriait avec tant de joie et de bonne grace, il te tendait, comme en gage du premier amour, une main si tendre et si fidèle, que j’aurais juré que c’était lui d’abord qui, pour te trouver, avait gravi la rampe escarpée de l’Alpe, lui qui avait affronté la tempête du lac de Thoun, et qui, tout tremblant du vertige et le front battu de l’ardent tourbillon, était tombé à la renverse sans connaissance au bord de l’abîme[1]. Au dedans de mon cœur, en te voyant, je sentais aux prises ces deux adversaires qui vont toujours ensemble, le Respect et l’Amour ; mais pourtant ton sourire était si clément ; et je ne sais quoi de connu me

  1. Allusion à diverses scènes du poème.