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nance vacante dans le 4e bataillon d’infanterie légère de la légion des montagnes en garnison à Perpignan, et il s’y rendit aussitôt. D’autres pièces qui indiquent que sa démission fut envoyée au ministre Bouchotte, successeur de Beurnonville, donneraient à croire qu’il ne resta à l’armée qu’une année environ ; mais il put y retourner ou y demeurer indépendamment de cette démission du grade. Ce qui paraît certain, c’est qu’il fut attaché quelque temps à Dugommier comme secrétaire, et qu’il servit dans la compagnie dont La Tour d’Auvergne était capitaine. Bien qu’il revînt rarement, je l’ai dit, sur ses souvenirs, et qu’il eût pris l’habitude de les ensevelir plutôt en silence, il lui arrivait quelquefois de raconter des anecdotes de ce temps, à l’esprit duquel il était resté foncièrement fidèle. On parlait un jour du courage à la guerre, et l’on demandait si les braves fuyaient jamais. Fauriel en souriant raconta ce qu’il avait vu faire à La Tour d’Auvergne pour aguerrir ses jeunes recrues qui avaient plié : « J’ai fui autant que vous la première fois, leur disait le héros ; mais faisons un marché : avançons jusque-là, jusqu’à cet arbre que vous voyez. Si la cavalerie espagnole, qui est encore loin, avance jusqu’à cet autre arbre, oh ! alors vous fuirez, il sera encore temps ; mais voici ce qui arrivera : si elle vous voit ne pas fuir, elle-même sera la première à tourner le dos. » Et ainsi de proche en proche, d’arbre en arbre, on avançait, et la compagnie entraînée faisait merveille. On s’en revenait maîtres du terrain et en vieux soldlats. Pour ceux qui seraient tentés de s’étonner de la forme du conseil, moins héroïque que le résultat, nous ferons remarquer que Tyrtée en personne n’usait guère d’une autre méthode que La Tour d’Auvergne, lorsqu’il disait aux jeunes guerriers : « Tour à tour poursuivans ou poursuivis, ô jeunes gens, vous savez de reste ce qui en est : ceux qui tiennent ferme, s’appuyant les uns les autres, et qui marchent droit à l’ennemi, ceux-là meurent en moins grand nombre et ils sauvent les autres qui sont derrière ; mais ceux qui fuient en tremblant ont toutes les chances contre eux. »

À l’un de ses retours de l’armée, Fauriel eut occasion, pour je ne sais quelle affaire, de visiter Robespierre, rue Saint-Honoré, en sa petite maison proche de l’Assomption ; un jour qu’il passait par là, il en fit la remarque à un ami. Une note imprimée dans le Bulletin de Saint-Étienne[1], et dont le contenu prêterait à discussion, indique qu’il était rentré dans ses foyers pendant l’année 1794, et qu’il y remplissait des fonctions municipales, lorsqu’eut lieu l’épuration de la muni-

  1. XVIIe année (1839), p. 314.