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études sur la civilisation de l’égypte ancienne.


emprunter. Or, nous savons qu’ils ne se doutaient pas de cette mécanique savante lors de la construction du temple d’Éphèse, et plus tard sous Philadelphe, puisque leur mécanique avant Archimède était réduite aux procédés les plus simples ; il faut bien admettre que les Égyptiens n’en savaient pas davantage.

L’exemple de ce prodigieux obélisque, le seul ouvrage gigantesque de Nectanebo dont l’histoire fasse mention, atteste que les Égyptiens n’avaient alors rien perdu de leur goût pour les grands travaux, en même temps que les lions de Termini, les deux torses de Nectanebo et les monumens de Philes élevés par ce roi prouvent que les artistes égyptiens conservaient encore presque intact leur talent pour travailler les matières les plus dures et la perfection d’exécution qu’ils possédaient jadis.

Ce monumens authentiques et d’une époque certaine viennent donc, par leur succession depuis Amyrtée, confirmer tous les témoignages historiques qui établissent que la civilisation égyptienne, à l’époque de Cambyse, n’avait rien perdu, qu’elle s’était conservée presque intacte pendant toute la domination persane, et que les Perses, ainsi que je l’ai avancé dès 1823, durent transmettre l’Égypte aux Grecs à peu près telle qu’ils l’avaient reçue des Pharaons.

Il en fut des Perses comme des pasteurs qui avaient envahi l’Égypte dix-huit cents ans avant Cambyse. Ces pasteurs, de race asiatique, séjournèrent dans la vallée au-dessus du Delta pendant 250 ou 300 ans. Animés d’une rage fanatique, ils détruisirent tous les monumens de Thèbes, à tel point que, vers l’an 2000 avant Jésus-Christ, quand les Pharaons redevinrent maîtres de l’Égypte haute et moyenne, il ne restait des monumens de Thèbes que des monceaux de ruines et matériaux confusément épars. Les rois de la dix-huitième dynastie furent obligés de reconstruire entièrement les édifices religieux que les pasteurs avaient détruits. Aussi tous les monumens de cette ville, à l’exception du sanctuaire de Karnak, qui est d’Osortasen Ier, contemporain d’Abraham, portent-ils la preuve qu’ils appartiennent à cette époque de restauration. Les barbares avaient pu bouleverser des pierres, mais ils n’avaient point entamé le génie égyptien ; aussi, après leur départ, de nouveaux monumens s’élevèrent, portant la même empreinte que ceux de l’époque antérieure, et, sauf un degré de plus de perfection et de grandeur, leurs sculptures ne diffèrent en rien de celles qui couvrent les anciens blocs, anciennement travaillés, employés dans leur construction, non plus que de celles de la tombe de Skhai, à Thèbes, des grottes d’Ell Tell, et même des tom-