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siècles environ (193 ans) dont il s’agit. L’annaliste égyptien les divise en deux parts : la première, comprenant la dynastie persane, ou les rois qui ont régné en Égypte et en Perse, de Cambyse à Darius II, dans un espace de cent vingt-un ans ; la seconde d’environ soixante-douze ans, pendant laquelle l’Égypte, sauf un espace d’une douzaine, d’années, fut gouvernée par ses rois nationaux, formant, selon Manéthon, les trois dynasties saïte, mendésienne et sébennytique.

D’où il suit que, pendant ce second intervalle, l’Égypte fut rendue à son indépendance et traitée seulement en pays tributaire. C’est également ce qui résulte, comme on va le voir, des monumens qui subsistent encore.

Je vais considérer successivement chacune de ces deux parties.


I - L’ÉGYPTE DEPUIS CAMBYSE JUSQU'A L'AVENEMENT DU ROI EGYPTIEN AMYRTEE

Cambyse ’tait un homme chez qui la violence naturelle du caractère et l’habitude de tout soumettre à sa volonté furent de plus furent excitées par une constitution maladive, car, selon Hérodote, il était de naissance sujet à l’épilepsie. Dans un tel homme, l’ivresse de la puissance et de la victoire suffirait pour expliquer les excès auxquels il se livra dès son entrée en Égypte ; mais Hérodote leur assigne en outre des causes qui peuvent jusqu’à un certain point les excuser. Ainsi, la rigueur dont il usa envers les habitans de Memphis s’explique par le désir de venger le meurtre des députés qu’il leur avait envoyés pour négocier de la paix. Le traitement qu’il fit subir au cadavre d’Amasis était une punition de l’injure sanglante qu’il avait reçue de ce prince lorsqu’il lui demanda sa fille en mariage. Amasis, qui redoutait ou dédaignait cette alliance, lui envoya Via fille d’Apriès, qu’il fit passer pour la sienne, subterfuge qui avait irrité Cambyse au dernier point. La rigueur dont il voulut d’abord user envers Psamménite avait aussi pour cause l’opinion que ce prince avait conseillé aux Memphites le massacre de ses envoyés. Cependant, le premier moment de colère passé, sa conduite à l’égard de ce prince fut douce et humaine ; il lui pardonna, comme son père Cyrus à Crésus, qu’il voulut d’abord faire brûler vif. Cambyse eut aussi compassion du triste sort où la fortune avait réduit un roi ; il le garda auprès de lui, dit Hérodote, sans lui faire subir aucun mauvais traitement, et il était, même sur le point de recouvrer l’Égypte, dont Cambyse devait lui confier le gouvernement, lorsque ce prince découvrit que Psamménite conspirait contre