Une étoile d’or vermeille,
Sur son front rêveur,
Voltigeait toute pareille
A la matinale abeille
Qu’attire une fleur.
La foi vive, en ses prunelles,
Dardait son rayon ;
Je l’ai vu croiser ses ailes,
Joindre ses mains immortelles
Pour une oraison.
« La vierge pudique et chère, »
A-t-il dit alors,
« Dont, par un divin mystère,
« Je garde sur cette terre
« Et l’ame et le corps,
« Souffre, hélas ! d’un mal funeste ;
« Et je viens soudain,
« De peur que son banc ne reste,
« Pendant l’office céleste,
« Vide ce matin.
« O divine Immaculée,
« Dont mes yeux ravis
« Ont vu la face étoilée
« Luire en la sainte vallée
« Du beau paradis ;
« Vierge, elle est de ta famille,
« Elle est de ta cour ;
« Rends la vie à cette fille,
« A son œil le feu qui brille,
« A son cœur l’amour.
« Vite, à cet affreux suaire,
« Vierge, arrache-la,
« Pour que demain, moi son frère,
« Je l’amène au sanctuaire
« Chanter Hosanna ! »
Somme toute, la grande affaire de Rückert en ces chants de jeunesse, c’est d’aimer. Rien, dans cette poésie sereine et pure, qui rappelle un engagement quelconque avec la société. Grace à Dieu, notre poète n’en est pas encore là. Son cœur fait valoir ses premiers droits, et il aime. Peut-on appeler amour cette aspiration indéfinie, ce culte