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La ville de Paris estime son contingent, tant pour l’octroi que pour la caisse de Poissy, à 1,800,000 fr. environ. L’administration municipale verse en outre au trésor une somme qui dépasse 3 millions, pour une portion de la contribution personnelle et mobilière. C’est un moyen d’opérer en masse un recouvrement qui par tête offrirait quelques difficultés. Une vieille servitude féodale, l’obligation de loger les gens de guerre, doit encore être rachetée par une indemnité annuelle. En 1843, les Parisiens ont concouru aux frais du casernement de leur garnison, pour 6,183,966 journées d’hommes, à raison de 19 centimes par jour, et pour 745,197 journées de cheval, à raison de 8 centimes. Enfin, depuis quatre ans, le ministère des finances exige que la ville paie l’impôt foncier pour toutes les propriétés dont elle tire un produit, comme les halles, l’entrepôt, etc. En raison de ces divers articles, la caisse municipale commence par prélever sur le plus clair de ses revenus une somme de 4,800,000 francs qu’elle paie à l’état. Avant la suppression des jeux, le versement s’est élevé jusqu’à 12 millions.

Viennent ensuite les dépenses d’administration et de régie, et elles sont considérables. La manie de la centralisation, qui des bureaux ministériels est descendue dans les régions secondaires, augmente de jour en jour l’encombrement des affaires, et nécessite à la mairie centrale la présence de deux cent vingt employés. Qu’à cet article on ajoute les dépenses des douze mairies d’arrondissement, et ce sera peu de chose qu’un million. Les frais de régie, pour le personnel et le mobilier seulement, et sans évaluer le capital engagé dans les bâtimens d’exploitation, étaient en moyenne de 2,400,000 fr. avant 1830 ; ils atteignent 3 millions aujourd’hui. C’est qu’il faut une armée, avec un matériel imposant, pour assurer les droits de la commune au passage des barrières et dans les marchés, pour fouiller, compter, peser, jauger, déguster toutes les denrées mises en consommation, pour la surveillance des poids et mesures, le service des abattoirs, la distribution des eaux, et surtout pour la minutieuse comptabilité qui résulte de ces opérations innombrables et parfois minimes.

Aux dépenses de l’administration civile et de la régie fiscale, il faut ajouter celles qui concernent la police ; c’est le plus gros chiffre du budget communal, et il n’y figure qu’en total et pour ordre. La préfecture de police publie séparément un compte détaillé de ses dépenses, qui est soumis à l’examen et au vote approbatif du conseil municipal. Si Paris n’est pas aussi sûr qu’on pourrait le désirer, c’est moins par la faute de l’autorité que par l’effet, d’une démoralisation