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total de 428,000 francs. Qui paie cette somme, sinon les petites gens qui s’entassent dans les omnibus, ou qui se confient aux chevaux éreintés des équipages de place ? La voiture de charge du riche industriel ne contribue pas ; en revanche, l’administration se félicite d’avoir imaginé une taxe nouvelle, le stationnement des charrettes et bêtes de somme amenées pour l’approvisionnement des halles et marchés, taxe qui déjà produit 27,000 francs.

Dans l’état de société, on ne peut vivre ni mourir sans payer. 46,000 actes de l’état civil, dont plus de 3,000 délivrés gratuitement aux pauvres, produisent 94,000 francs : sur cet article, la commune reste en perte, car la délivrance des actes ne rend que le tiers de ce qu’on débourse pour la tenue des registres dans le bureau central et dans les mairies. Pour avoir le droit d’être porté en terre, il en coûte 20 francs : au-dessous de sept ans, comme au spectacle, on ne paie plus que la moitié. Il y a pourtant une exemption forcée pour ceux qui meurent en état d’indigence, c’est-à-dire pour le tiers au moins des décès. Malgré ces réductions, la dernière dette payée par les citoyens, combinée avec les ventes et locations des terrains dans les cimetières, procure à la caisse municipale une recette d’environ 1,250,000 francs. Les frais d’inhumation à déduire sur cette somme laissent plus des deux tiers en pur bénéfice.

Rien n’est perdu dans une ville comme Paris. Les immondices dont chacun débarrasse son domicile, cette fange des rues que le piéton évite avec dégoût, sait-on bien ce qu’elles valent ? 500,500 francs par an, pour celui qui achète en masse : pour la revente en détail, c’est un trésor. Le produit du balayage quotidien des rues est immédiatement livré aux cultivateurs de la banlieue, à raison de 3 francs le mètre cube : lorsque ces ordures ont été conservées pendant une année dans les bassins de la voirie, le prix du mètre cube s’élève jusqu’à 5 francs. Le bail en vertu duquel la ville autorise l’exploitation des bassins a profité de l’importance qu’a prise le commerce des engrais. Ce bail n’était que de 75,000 francs il y a vingt-deux ans : porté en 1831 à 166,000 francs, somme qu’on jugeait alors exorbitante, il s’est élevé récemment à un demi-million. L’établissement des chemins de fer pourrait bien amoindrir ce beau chiffre, les envois faciles et rapides des départemens lointains devant diminuer l’importance du jardinage dans la banlieue de Paris.

Glissons sur quelques articles qui grossissent le chiffre des recettes sans enrichir la cité : par exemple, la subvention de près de 2 millions fournie depuis peu par l’état, en raison de l’augmentation de l’effectif