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En résumé, les taxes combinées de l’octroi, de la caisse de Poissy et des abattoirs, portent à près de 6 millions l’impôt sur la viande de boucherie. C’est une somme d’environ 12,000 francs que chaque boucher verse dans la caisse municipale, sauf à la recouvrer sur les consommateurs.

Que l’on considère en théorie certains droits, non plus comme un impôt, mais comme le prix d’un service, l’effet en est le même pour les habitans de Paris, car toute dépense imposée au marchand augmente nécessairement le prix de la marchandise. Tels sont les prélèvemens faits sur les ventes, dans les halles et dans les marchés, pour la location des emplacemens, des abris et des remises. Les droits de ce genre, gonflés par des ordonnances successives, se sont élevés de 160,000 francs, chiffre de 1807, à 2,230,595 francs, total de 1843. Dans les marchés de détail, le tarif de location a pour base l’étendue de l’emplacement et le nombre des jours de l’occupation. Dans les halles du haut commerce, le prélèvement de la commune est proportionné à l’importance des ventes. Les objets de nécessité première ne subissent qu’une taxe insignifiante ; ainsi le mouvement immense des grains et farines ne donne guère plus de 58,000 francs ; mais, pour les denrées de luxe, la taxe s’élève progressivement. Ainsi la vente de la volaille et du gibier produit plus de 800,000 francs, à raison de 10 pour 100 sur le prix déclaré. La ville prélève 130,000 fr. sur le commerce des huîtres, dont la vente en gros produit 1,620,000 francs, et dont le détail rapporte peut-être 3 millions aux revendeurs. Ce goût prononcé des Parisiens entretient parmi nos pêcheurs une émulation très active. Le prix des huîtres était autrefois sur nos plages de 1 franc 50 cent. le mille ; on se plaignait, il y a trois ans, qu’il fût monté à 12 ou 14 francs. Les spéculateurs l’ont poussé l’année dernière à 20 ou 22 francs. Avec les habitudes de friandise que le luxe développe, on ne peut prévoir où s’arrêtera cette progression.

Les précautions commandées par l’hygiène, le recouvrement des avances faites pour la construction et l’entretien des fontaines publiques, légitiment le tribut prélevé sur le commerce des eaux. La ville contracte des abonnemens pour plus de 500,000 francs par année avec les propriétaires ou les chefs d’industrie qui désirent faire arriver l’eau à leur domicile, et elle oblige les humbles revendeurs à se fournir aux quatorze fontaines qu’elle a établies. 4,748,881 hectolitres d’eau, puisés à raison de 9 cent. par les marchands à tonneau, 120,000 voies environ, achetées par les porteurs à la main ou pour l’abreuvement des chevaux, donnent un produit de 130,711 francs.