même sous le rapport politique, entre les mains de la compagnie et de ses directeurs, mais les ordres et la correspondance envoyés par ces derniers aux autorités locales devaient être mis sous les yeux d’un comité, ou bureau de contrôle dont l’approbation et le contreseing étaient exigés pour qu’ils pussent être expédiés. Les membres de ce comité, nommés par le roi, devaient être pris parmi les membres du cabinet et du conseil privé. Le comité n’était investi d’aucun patronage. À l’exception d’un très petit nombre de fonctionnaires du premier rang, dont la nomination était réservée au roi, tous les autres restaient comme par le passé au choix de la compagnie. Tous les établissemens de l’Inde étaient soumis à une révision dans le but d’y apporter les économies nécessaires. L’avancement des fonctionnaires devait avoir lieu d’après des règles déterminées. Enfin, un tribunal formé de jurisconsultes éminens, de pairs et de députés était institué pour juger les délits publics commis sur le territoire des possessions de la compagnie. Dans un exposé lumineux et très développé, Pitt déclara que ce plan avait été arrêté avec l’assentiment de la compagnie elle-même. Il s’efforça de prouver que, sans avoir le caractère violent de celui de Fox, il n’était pas moins efficace, qu’il établissait un contrôle tout aussi rigoureux sans créer une influence dangereuse et inconstitutionnelle, qu’il assurait à l’état tous les bénéfices de la souveraineté de ces vastes contrées, sans dépouiller la compagnie, et qu’il détruisait les abus sans attaquer les droits fondés sur des concessions légales. Il fit enfin un pathétique appel à l’impartialité de la chambre pour réclamer un examen calme et équitable de sa proposition. Cet appel ne fut pas entendu. Le bill, combattu par Fox et par Erskine comme impuissant à réprimer les abus et comme donnant cependant à la couronne des attributions dangereuses pour la liberté, fut rejeté à une majorité très faible d’ailleurs, par 222 voix contre 214. Fox annonça ensuite l’intention de proposer, sur cette grande question de l’Inde, un nouveau projet semblable, en principe, à celui que la chambre des lords avait repoussé à l’ouverture de la session. Il demanda au ministre de faire savoir s’il comptait arrêter par une dissolution la discussion de ce projet. Pitt garda le silence malgré les instances presque violentes d’une grande partie de la chambre. Il ne pensait pourtant pas encore à la dissolution ; bien que ses amis et le roi lui-même le pressassent d’y recourir, il ne jugeait pas que le moment de cette mesure extrême fût encore arrivé.
Cependant la chambre poursuivait avec une ardeur infatigable le cours de ses agressions contre le ministère. Déjà, avant le rejet du