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épée ; la civilisation nous ouvrira les profondeurs des autres contrées africaines, avec la vapeur et avec les chemins de fer. L’Amérique du Sud présente aussi çà et là des races entravées dans leurs développemens, qui attendent notre action pour se dégager. L’Asie a, dans la race mongole, un rameau qui tombe faute de sève. L’isolement a détruit la force de ces peuples féroces et superbes qui, dans la personne de Gengis-Khan et d’Attila, ont si puissamment effrayé l’Europe. L’évènement qui enterait ce rameau flétri sur le tronc des races jeunes et vivaces, sauverait peut-être une grande civilisation à la veille de s’éteindre. Nations de l’Europe, que redoutons-nous ? Toutes les races tendent à l’envahissement de la terre ; mais elles le font avec des armes inégales. Les peuples qui avancent n’ont rien à craindre des peuples stationnaires. Une race supérieure ne peut être conquise sans que la force de sa constitution asservisse à la fin ses propres conquérans. La nature, plus forte que les armes, finit toujours par vaincre, en pareil cas, la victoire même. C’est ainsi que la race caucasique, long-temps comprimée en Asie par la race mongole, a réussi presque entièrement à s’en délivrer. Aujourd’hui cette population si forte qui attaquait n’ose plus même se défendre ; l’empereur de deux cent cinquante millions d’hommes jaunes n’oppose à une poignée d’Anglais que la soumission et le silence.

L’Europe est la partie du monde où la race blanche, pure de tout contact, développe le plus largement tous ses caractères. La supériorité de cette race est reconnue : pendant que le Mongol, le Nègre, l’Américain, le Malais, n’étaient occupés qu’à satisfaire leurs appétits matériels, l’homme caucasique a mesuré la terre ; la terre ne lui a pas suffi, il s’est élevé jusqu’à l’idée d’un premier principe, auteur de tous les êtres. Au moment où la race blanche apparut sur notre continent, elle trouva un monde à faire ; elle le fit. Tandis que les autres races indolentes étaient désarmées contre les attaques des climats, tandis que le Mongol lui-même n’avait fait qu’ébaucher la conquête de l’homme sur la nature, la race caucasique seule a poussé jusqu’au bout sa victoire ; elle s’est rendue maîtresse des élémens, maîtresse des mers. Ce qui est chez elle encore plus remarquable, c’est le développement de la volonté ; que les autres races sommeillent sous le joug d’une nécessité aveugle, la race blanche a dominé tous les obstacles ; elle ne s’est pas contentée de ses propres forces, elle en a créé. Ajoutant à sa puissance morale la découverte de l’imprimerie et celle de la vapeur, elle a étendu son domaine. Toutes les fois qu’elle s’est