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Qu’est-ce que le christianisme ? Le triomphe de l’ame sur les sens, le règne de l’esprit sur la matière. Toutes les fois qu’une telle doctrine est venue s’appliquer sur des peuples de la race blanche, elle a rencontré chez eux une organisation préparée à la recevoir. Ce qui distingue en effet l’homme caucasique, c’est la prédominance du cerveau, et, par suite, de l’action intellectuelle, sur l’action des sens. A mesure que nous descendons dans les races inférieures, cette prédominance s’efface ; le prolongement de la face se dissipe ; les organes des sens se développent, et avec eux augmente la résistance physique à la foi chrétienne. Le fétichisme ou l’adoration de la matière reparaît de degré en degré et forme au bas de l’échelle le seul culte du nègre. Les Arabes et les Turcs, qui marquent, les uns le passage de la race éthiopique, les autres la transition de la race mongole à la race blanche, ont un culte mixte : le mahométisme est, comme l’a dit M. de Maistre, une secte chrétienne, mais à laquelle le génie de ces deux peuples a imprimé son caractère sensuel. L’organisation d’une race tient donc sous sa dépendance toutes les manifestations intellectuelles, religieuses, morales des sociétés qui la constituent. De là des civilisations qui s’échelonnent sur un champ immense et qui s’arrêtent à des degrés divers. Le genre humain arrivera-t-il à faire disparaître ces inégalités par un progrès universel ? Nous le pensons. Les bornes, les obstacles que la nature a mis à la réunion des croyances, s’abaisseront à mesure que la race blanche revêtira les autres races de ses caractères physiques, d’où dérivent toujours les caractères moraux. L’unité des religions sortira de la tendance du type caucasique à s’incarner dans les autres familles de l’espèce humaine.

Il existe une opinion dans la science qui, au premier abord, semblerait devoir rétrécir l’action des races les unes sur les autres ; c’est celle de la persistance des caractères. Lorsqu’une nation policée travaille à retirer un peuple sauvage ou barbare de son abaissement, la civilisation et la nature constituent autour de lui deux forces qui se balancent, qui se croisent, qui se limitent ; le mouvement hésite comme incertain sur sa pente. Il s’établit alors une lutte entre la constance du type et les causes d’action qui veulent l’infléchir. Si ces causes sont transitoires, le type résiste ; si au contraire elles sont permanentes, le type finit par céder. Dans quelles proportions cède-t-il ? Ici les physiologistes se divisent : les uns soutiennent que les modifications amenées par cette lutte n’intéressent pas la forme générale, qui reste la même. Mais ces modifications, où s’arrêtent-elles ? C’est