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qu’il appartient de fournir les premiers traits du perfectionnement de la nature humaine : nous nous en servirons pour dessiner le tableau des peuples qui s’agitent en ce moment sur le globe. L’importance des rapports que nos voies de navigation à vapeur créent de jour en jour entre les habitans des diverses contrées, semblera encore plus grande, si à la nature des races qu’elle relie entre elles se rattachent des civilisations qui doivent se compléter les unes par les autres. Or c’est précisément ce qui est.

Il faut reconnaître dans chaque race une force secrète qui détermine l’étendue et les formes de son développement : les lois, les mœurs, les institutions, les croyances, se subordonnent à cette force, et c’est ce qui constitue la physionomie des sociétés. L’organisation d’un état exprime toujours les caractères naturels qui sont dans le peuple. Cette connaissance est nécessaire pour diriger nos rapports : si l’homme caucasique doit agir sur les autres races, il doit en même temps conformer son action à l’état de leurs développemens. La surface habitée du globe nous présente à cet égard une série d’inégalités morales qui résultent chez les différens groupes du degré d’avancement de leurs caractères physiques, et dont le résultat est de former des nations diverses. L’histoire universelle devient à ce point de vue un enchaînement continu de faits, qui ont tous leurs points d’attache dans la nature des races et dans leurs métamorphoses. Au plus bas de l’échelle, nous rencontrons les peuples sauvages, chez lesquels tous les développemens de la civilisation sont avortés. Plus haut commencent les nations barbares (les termes manquent pour fixer les nuances intermédiaires) chez lesquelles nous voyons apparaître les premières ébauches de l’état social. Ces formes primitives de société se perfectionnent à mesure que les couches humaines se rapprochent de la race blanche, qui est le terme de la série. L’échelonnement des sociétés, en rapport avec l’échelonnement des races, est une vérité nouvelle que la science et les voyages féconderont dans l’avenir. Nous arriverons ainsi à connaître le caractère des nations sur lesquelles nous devons agir et le degré de force de leurs institutions ou de leurs croyances. Lorsqu’on envisage la distribution géographique des religions à la surface du globe, on est étonné de les voir partout soumises à une loi de la nature. Le christianisme s’est établi généralement sur la race blanche, tandis qu’il n’a jamais pu s’étendre d’une manière bien fixe sur les autres races. Ce fait a sa racine dans la constitution physique de notre espèce et dans la tendance des cultes.