Il y a plus de vingt ans que la question de la conversion des rentes a été soulevée en France, et presque aussi long-temps qu’elle a été portée pour la première fois devant le parlement. Depuis cette époque, il semble qu’elle n’ait pas fait un pas. Est-ce à dire qu’elle présente réellement, comme plusieurs personnes l’assurent, de graves difficultés ? Assurément non ; mais sur aucun point la résistance des intérêts personnels n’est aussi vive, et on verra que cette résistance a été singulièrement favorisée par le système vicieux de nos emprunts publics.
Avant d’entrer dans l’examen de ce sujet, il est bon d’assigner à la mesure qui nous occupe sa véritable importance. On l’a beaucoup exagérée d’un côté, beaucoup amoindrie de l’autre. Voulant traiter simplement une question simple, nous tenons à la renfermer dans ses limites.
Il n’est pas exact de dire, comme on le fait souvent, que la conversion du 5 pour 100 doive exercer une influence salutaire sur notre crédit public, en relevant nos autres fonds. Encore moins doit-elle agir sur le crédit en général. Que le cours de 5 pour 100 soit aujourd’hui déprimé par la menace incessante d’un remboursement au pair, c’est une vérité incontestable, et dont il est facile de se rendre compte. Le 4 et demi et le 4 doivent aussi, bien qu’à des degrés différens, subir la même influence. Mais pourquoi veut-on que cette cause agisse, par exemple, sur le 3 pour 100, placé dans de tout autres conditions ? Il n’y a, quoi qu’on en dise, aucune solidarité entre ces divers