et pour ne citer qu’une année, il est certain qu’en 1823, 56,000 nègres furent introduits au Brésil. Depuis 1830, l’Angleterre a conclu, pour réprimer cet odieux trafic, une série innombrable de traités ; mais comme elle s’adressait à des nations étrangères à ce commerce, le résultat obtenu a été nul, et il nous sera facile de prouver que depuis 1830 la traite n’a pas diminué, qu’elle se fait avec la même activité, la même étendue, et que tous les efforts de ses adversaires n’ont abouti qu’à la rendre plus lucrative pour les traitans, plus meurtrière pour les nègres.
Les seules contrées du monde occidental où l’on importe encore des esclaves sont les îles espagnoles de Cuba et de Porto-Rico, les anciennes possessions du Portugal dans l’Amérique du Sud, et les îles du Cap-Vert, de Saint-Thomas et du Prince, qui appartiennent à cette nation sur la côte d’Afrique. La traite se fait exclusivement sous les pavillons espagnol, brésilien, portugais et américain, mais presque tous les négriers sont la propriété de maisons espagnoles et brésiliennes, et c’est à la vénalité des autorités portugaises, à la faiblesse des agens américains, qu’il faut attribuer l’usurpation si fréquente du pavillon du Portugal ou des États-Unis. Avant de donner aucun chiffre, nous devons faire une observation qui s’applique à tous nos calculs ; les relevés que nous emprunterons aux rapports des commissaires ou agens consulaires anglais ne doivent être regardés que comme des approximations fort au-dessous de la vérité, car, la traite étant partout un trafic défendu, on ne peut avoir de relevé officiel pour des opérations illégales. Ce n’est qu’à force de patience et d’efforts que les agens anglais parviennent à avoir quelques données un peu précises. Ainsi les chiffres que nous adoptons, et qui sont empruntés aux derniers documens présentés au parlement, diffèrent notablement de ceux que donne M. Bandinel dans un ouvrage publié au nom et par les soins du Foreign-Office à la fin de 1842, et que de nouvelles recherches ont rectifiés.
Le nombre des esclaves débarqués à Rio-Janeiro, au commencement de la période sur laquelle va se concentrer notre attention, fut, en 1828 : 42,496 ; en 1829, 49,667 ; en 1830, 56,777, ce qui donne pour les trois années un total de 148,940, ou en moyenne 49,000 par an. Caldcleugh, dans ses Voyages, prétend qu’il y a au Brésil trois ports qui font la traite sur la même échelle que Rio ; M. Bandinel n’attribue à Rio que la moitié de la traite du Brésil. Nous croyons ces deux évaluations exagérées. Les rapports anglais nous apprennent que du 1er janvier 1829 au 30 juin 1830, le nombre des esclaves débarqués fut :