étudiée et discutée. M. le ministre des finances, cette semaine, a eu d’autres épreuves à subir. La question du remboursement des rentes s’est offerte, au Luxembourg, accompagnée de circonstances nouvelles ; l’opposition, plus compacte, est représentée par M. Roy, connu depuis long-temps pour ses opinions absolues sur la matière. L’illustre pair ne reconnaît pas le droit de l’état ; il appelle le remboursement une spoliation ; il repousse le principe de la conversion dans le présent comme dans l’avenir. M. Laplagne, dans un discours qui restera comme un modèle de discussion financière, a réfuté victorieusement ces conclusions rigoureuses. M. Beugnot, M. Passy, les ont également combattues. Néanmoins la chambre des pairs s’est prononcée contre le remboursement à la majorité de 118 voix contre 28. L’opinion se préoccupe avec raison du conflit qui s’élève sur cette question grave entre nos deux assemblées législatives. N’y avait-il donc pas dans l’origine un moyen de prévenir ce choc, ou au moins de l’adoucir ? Ne pouvait-on pas faire entendre, dès le début, des paroles capables d’empêcher une collision qui menace aujourd’hui de troubler l’harmonie des pouvoirs ? Ici comme ailleurs, le gouvernement avait des devoirs à remplir ; mais le ministère, comme on sait, s’en remet volontiers au hasard du soin de corriger les situations difficiles. Le hasard, en effet, l’a servi souvent ; malheureusement pour lui, le hasard ne peut tout faire.
Le hasard, voilà le mot de la situation. C’est le hasard qui gouverne la France aujourd’hui ; il est le maître. Qu’on nous montre dans le gouvernement un système arrêté, une vue d’ensemble, un but suivi avec persévérance et conviction ? Nous ne voyons d’autre résolution fortement arrêtée dans le cabinet que celle de garder le pouvoir : sur tout le reste, il n’a point de volonté. Quel est le système qui dirige sa diplomatie, où l’on n’aperçoit que des contradictions et des désaveux ? L’administration ! elle n’appartient pas au cabinet ; elle est dans les chambres. Le parlement ! c’est là surtout que se montrent au grand jour ses irrésolutions et ses faiblesses. Son opinion de la veille n’est plus celle du lendemain. Il forme des projets et les abandonne. Il avance un principe, et si les chambres lui imposent le principe contraire, il s’empresse de l’adopter. Bien plus, on le voit soutenir simultanément dans les deux chambres des opinions différentes sur la même question. Chose étrange ! ces infirmités du pouvoir, qu’on se fût efforcé autrefois de dissimuler, et de cacher soigneusement aux regards du pays, on les avoue aujourd’hui publiquement. Croyez-vous que le ministère, sans cesse battu devant les chambres, prenne à tâche de dissimuler ses défaites ? Mon Dieu, non. Il en convient, et il n’en rougit pas. Pourvu que les chambres se contentent de l’humilier, que lui importe ?
Une chose nous étonnera toujours, c’est que des hommes distingués ou éminens à divers titres aient pu supporter long-temps une situation si peu conforme à leur caractère et à leur esprit. Est-ce donc là le gouvernement représentatif tel que l’avait rêvé M. Guizot, tel qu’il l’a décrit dans ses discours