Page:Revue des Deux Mondes - 1844 - tome 8.djvu/989

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de France, prétend que cette fois les églises ne furent atteintes par les flammes ; mais cette allégation n’est appuyée par aucune autorité.

En 1238, le feu dévasta, pour la troisième fois, une grande partie de la ville. La cathédrale fut-elle épargnée ? Rien ne le prouve ; mais le désastre paraît avoir été moins grand qu’en 1131, et même qu’en 1152.

En 1293, au contraire, on vit éclater, le 21 juillet, jour de sainte Praxède, un incendie plus furieux que les deux précédens, et, s’il faut en croire les écrits qui sont parvenus jusqu’à nous, sa violence fut telle, qu’une grande partie de la ville et presque toutes les églises, y compris la cathédrale, furent réduites en cendres. Voici en quels termes les archives du monastère de Longpont parlent de ce quatrième incendie : « Anno incarnationis Domini 1293, mense Julio, 13 calendas Augusti, feriâ secundâ, in aurora coepit ignis in civitate Noviomensi, et à dicta aurora usque in meridiem feriae, tertiae sequentis, ecclesia beatae Mariae Noviomensis, et aliae ecclesiae et quidquid infra muros civitatis continebatus, omnia combusta sunt, et quasi in pulverem reducta, exceptis domibus templariorum et hospitalariorum et excepta parvula ecclesia B. Petri apostoli. » Ainsi, le feu dura depuis le lundi matin au point du jour jusqu’au mardi vers le milieu de la journée, et de tous les monumens religieux il n’y eut que des maisons des templiers et la petite église de Saint-Pierre qui échappèrent aux flammes.

Pendant le XIVe et le Xve siècle, on n’entend plus parler d’incendie ; mais dans le XVIe nous en trouvons trois coup sur coup : d’abord le 4 juillet 1516, le feu prit à la cathédrales ; les désastres furent considérables, mais on se rendit maître des flames au bout de quelques heures.

En 1552, le lundi 17 octobre, les Espagnols, s’étant emparés de la ville, la mirent à feu et à sang. Néanmoins l’église Notre-Dame fut sauvée par le courage et la présence d’esprit d’un serviteur de l’œuvre, nommé Markets, qui s’étant enfermé dans une des petites tours, armé d’une hallebarde, précipita trois soldats qui montaient vers la charpente du comble avec le charbon et la paille pour l’embraser.

Enfin, en 1557, à la fin de septembre, un mois après la fatale journée de Saint-Quenti, les Espagnols pénètrent de nouveau dans Noyon, après avoir fait mettre bas les armees à la garnison écossaire, qui s’était vaillamment défendue. L’ennemi pilla et incendia la ville, et cette fois l’église Notre-Dame ne fut pas épargnée.