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Enfin, si, pour dernière ressource, nous nous adressons aux historiens qui ont traité, non plus de Noyon ou du Noyonnais en particulier, mais de la Picardie, et notamment des villes, monastères et églises situés aux environs de Noyon, dans l’espoir d’y découvrir par aventure quelques révélations au sujet de notre église, nous ne tardons pas à reconnaître combien cette espérance est vaine. Il n’y a rien à attendre ni de Guibert de Nogent-sous-Coucy, ni d’Herman, le moine de Saint-Vincent de Laon. Leurs écrits sont pleins de détails sur l’établissement tumultueux de la commune de Laon, sur l’incendie de cette ville, sur la restauration de sa cathédrale, mais ni l’un ni l’autre ne disent un mot de cette église de Noyon dont ils étaient cependant si voisins.

Un tel silence ne doit pas nous étonner. Ce qui est rare, ce qui est merveilleux, c’est une église que ses contemporains aient regardé bâtir et sur laquelle ils aient bien voulu nous laisser des notions exactes et précises. Ces chroniqueurs du moyen-âge, qui enregistrent tout ce qu’ils voient, tout ce qu’ils entendent raconter, qui ne nous font pas grace de l’anecdote la plus insignifiante, jamais ils n’ont rien à nous dire de ces monumens qui de toutes parts grandissaient autour d’eux, et que le respect, la piété, l’enthousiasme des populations, signalaient à leurs regards. Survient-il le moindre trouble dans la paix du cloître, les revenus de l’abbaye sont-ils menacés par un procès, ses priviléges

    conservé : c’est un document précieux, mais qui n’a aucun rapport avec l’objet de nos recherches. Il est intitulé : « Registre de tous les bourgeois faits et créés en la ville de Noyon depuis l’an mil trois cent vingt-quatre, et des serments que les maires et échevins prêtent quand ils sont faits et renouvelés. »

    Nous ignorons si, dans les archives du département, à Beauvais, on pourrait obtenir de plus utiles découvertes. Ce dépôt est assez riche pour qu’il soit permis de l’espérer ; mais il faudrait faire des recherches toutes spéciales, qui ne paraissent pas avoir encore été entreprises.

    Nous devons joindre à la liste des ouvrages que nous avons consultés inutilement, d’abord celui de Colliette, intitulé : Mémoires sur le Vermandois, en trois volumes in-4o : c’est une histoire ecclésiastique qui ne dit pas un mot des églises ; ensuite les Antiquités de Noyon, par Duchesnes ; l’Ancien Noyon, par Desrues, et enfin deux ouvrages modernes composés de citations, extraites soit de pièces manuscrites, soit des différens auteurs que nous venons de citer. Ils ont été publiés par M. de la Fons, baron de Mélicocq. L’un de ces ouvrages a pour titre Recherches historiques sur Noyon et le Noyonnais, 1 vol. in-8o, 1837 ; l’autre est intitulé Une Cité picarde au moyen-âge, ou Noyon et le Noyonnais aux quatorzième et quinzième siècles, 1 vol. in-8o, 1841. Ces deux recueils sont pleins de faits intéressans ; mais l’auteur paraît n’avoir rien trouvé qui se rapporte à la construction de la cathédrale. Il se borne à citer les dates données par Levasseur, en exprimant cependant quelque doute sur leur exactitude.