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à Madrid et dans les provinces, ils disposent d’une presse résolue, dont les publications ressemblent à de vrais manifestes ; dans l’armée, une foule d’officiers, qui ont fait sous don Carlos les guerres de Biscaye et de Navarre, sont loin d’avoir abandonné la cause du prétendant ; comme on exploite la colère des grands d’Espagne, on pourrait, de l’un à l’autre bout du royaume, tirer parti de toutes les rancunes, de tous les ressentimens ; on pourrait, dans les provinces vascongades, s’allier aux fueristes, dans Barcelone dans Barcelone aux jamancios, dans Saragosse aux espartéristes, en d’autres villes aux milices nationales que la nouvelle charte doit supprimer. Certes, si les carlistes avaient recours à de telles extrémités, les amis du gouvernement constitutionnel, en Europe, attendraient sans crainte l’issue de la lutte ; en Espagne, comme en France, l’ancien régime est bien mort : c’est en pure perte que l’on essaierait de l’y rétablir. Mais que d’ici à quelque temps encore il cherche à se relever, qui donc en pourrait douter ? Et quelles inquiétudes soulèveraient dans le pays des résolutions désespérées !

Telle est en ce moment la situation politique de l’Espagne. Partout des périls ; mais les derniers évènemens ont donné au cabinet de Madrid une force morale assez considérable pour les conjurer ; saura-t-il user de cette force-là ? — De tous côtés, des partis qui se décomposent et se transforment : ce que ces partis renferment de généreux et d’honnête, le gouvernement saura-t-il l’attirer à lui et se l’assimiler ?




ELECTION DU PRESIDENT AUX ETATS-UNIS

On connaît maintenant, ou du moins on peut prédire avec assurance, le résultat de la grande lutte électorale qui vient d’agiter les États-Unis. Tous les états n’ont point encore terminé l’élection des délégués ; il en est même un, la Caroline du nord, ou cette élection n’aura lieu que le 1er décembre, et pourtant la question peut être maintenant regardée comme résolue. La majorité absolue est en effet de 138 suffrages les états qui se sont prononcés en faveur de M. Polk lui assurent déjà 135 votes, et parmi les états dont on attend encore la décision, il en est plus d’un où les démocrates, de l’aveu même de leurs adversaires, auront la majorité. Les journaux whigs n’hésitent point à reconnaître la défaite de leur parti, et M. Polk doit être considéré comme le futur président des États-Unis. La presse anglaise s’étonne beaucoup de ce résultat, qui était en effet fort imprévu : il n’est point cependant impossible de l’expliquer.

On se rappelle peut-être[1] comment le président actuel, M. Tyler, fut

  1. Un travail sur les États-Unis et le Texas, publié dans cette Revue même, livraison du 15 juillet, a fait connaître les intrigues qui ont précédé l’élection de M. Tyler.