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de Dunkerque, donneraient en denrées ou en bétail un produit brut d’une quinzaine de millions. Pour rendre cette vaste étendue aussi féconde que les meilleures parties de la Flandre, il faudrait y creuser de nouveaux canaux de dessèchement servant, comme en hollande, à l’exportation des produits et au transport des engrais et des amendemens. Limitée au nord par l’Aa, elle est intérieurement desservie :

Par le canal de Calais à Saint-Omer, dont la longueur est de : 29 kilom.
Par l’embranchement d’Ardres : 9 kilom.
Par celui de Guines : 6 kilom.
Pour un total de : 40 kilom.

Ces 40 kilomètres de navigation sont de niveau. Le calcaire dont se compose la masse montueuse qui borne au sud cette Hollande française, la vase argileuse que la marée apporte par le chenal de Calais, sont des élémens d’amélioration puissans, et ils s’offrent en quantités indéfinies. Leur emploi, combiné avec l’ouverture des embranchemens navigables, serait ce qu’il y a de plus aisé et de moins coûteux, il quadruplerait progressivement la valeur du sol, et élèverait, dans une proportion beaucoup plus forte, celle de son produit brut. Nulle part l’amélioration ne serait plus facile et plus considérable que dans le voisinage immédiat de Calais. Là, le sol n’est pas partout tourbeux et humide, au sud de la ville, la plaine est une alluvion de sable et de petits galets, mais au milieu de ces maigres terrains pénètre l’inondation de la place, et le polder qui s’est formé à l’ouest de la citadelle, par les soins du génie, sur un terrain jadis militaire, montre à quel tribut on peut assujettir les eaux vaseuses de la marée. Des chenaux embranchés sur l’inondation principale se creuseraient à moins de 25 cent. le mètre cube dans ces terres arides et légères, et y porteraient la fécondité.

La prospérité de beaucoup de petites villes n’a pas d’autre base que le voisinage d’une population agricole, laborieuse et riche. A Calais, port de commerce et ville industrieuse, il y a quelque chose de plus.

Malgré la décadence dont on se plaint, les campagnes environnantes sont fort en arrière des progrès de la ville : on s’en aperçoit à la cherté, des subsistances, surtout dans ce grand atelier qui s’appelle Saint-Pierre. La fabrication du tulle emploie très-peu de matières premières, beaucoup de main-d’œuvre. Les industries qui se trouvent dans ce cas ne peuvent se maintenir et s’étendre que par la modération du prix du travail, et par conséquent des vivres consommés par