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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.


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14 novembre 1844.


En public, le ministère fait bonne contenance ; il paraît trouver sa situation excellente. À le voir et à l’entendre on le croirait plein de confiance dans la session qui va s’ouvrir. Lisez ses journaux : ils vous diront que son triomphe est assuré. On provoque l’opposition ; on lui porte le défi de renverser le cabinet. Que M. Molé, que M. Thiers, abordent la tribune ; ils seront vaincus. M. Billault, M. de Rémusat, M. Dufaure, n’auront pas trois mots à dire. Pauvre opposition ! elle brille par le talent et l’éloquence, elle possède un nombre infini de journaux et d’orateurs, elle renferme dans son sein les hommes d’état les plus illustres, et malgré tout cela, elle n’a pas fait un pas depuis quatre ans ! Qu’elle monte au pouvoir, et avec la moitié des forces dont elle dispose, il ne faudra pas six mois pour la renverser.

Ainsi parlent les journaux du ministère. Voilà ce qu’on dit tout haut ; mais on tient en secret un autre langage. Ces rodomontades sont bonnes pour amuser le public, mais il faut dire la vérité à ses amis, et alors quels aveux ! Cette majorité que l’on dit si nombreuse et si sûre, comme on en parle avec anxiété ! comme on compte les voix ! comme on examine un à un les députés ministériels, en ayant soin de les classer par catégories, selon le degré de leur attachement présumé selon les garanties qu’ils présentent ! Ces hommes d’état, ces orateurs, que l’on provoque publiquement, comme on les surveille avec inquiétude ! Cette alliance du centre gauche avec, les membres dissidens du centre droit, alliance si dédaignée, si menaçante, que de petits moyens on imagine pour l’empêcher !

En effet, la situation du ministère est de nature à lui inspirer de sérieuses réflexions Les chambres ne sont pas encore assemblées, et déjà des symptômes significatifs annoncent les difficultés graves que le ministère du 29 oc-