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Dans cet examen, il a d’autant plus d’à-propos qu’en ce moment M. de Genoude ne néglige rien pour appeler sur lui l’attention générale. Il y a quelques mois, il briguait la députation avec fracas ; mais sans succès ; il vient de publier la collection de ses œuvres ; enfin, il entreprend aujourd’hui une histoire de France en vingt volumes : le premier tome a paru. C’est poursuivre la gloire par tous les sentiers. Après être monté dans la chaire chrétienne, M. de Genoude veut briffer à la tribune : en attendant l’instant où il lui sera permis de se montrer orateur politique, il sera historien et : déroulera nos annales. La France peut être tranquille, M. de Genoude ne lui manquera pas ; elle le retrouvera partout, aspirant à toutes les palmes, ayant toutes les ambitions, et marchant à l’immortalité à travers une publicité perpétuelle d’annonces et d’affiches ; Cette soif insatiable de la renommée n’est pas un crime ; nous sommes loin de blâmer l’ardeur qui pousse un homme à se rendre célèbre, car de cette façon il peut devenir utile. Cherchons donc si, parmi les titre que nous présente aujourd’hui M. de Genoude, il y en a de solides ; nous serons ainsi conduit à nous expliquer sur son but politique.

Les éditeurs des œuvres de M. de Genoude nous apprennent, dans une introduction, qu’ils ont voulu soumettre sa vie intellectuelle et politique à une grande épreuve, en réunissant ses principaux écrits. M. de Genoude doit nous apparaître toujours fidèle à lui-même et au culte des trois principes, la religion, la royauté et la liberté ; depuis les Réflexions sur quelques questions politiques, qu’il publia en 1814, jusqu’à la Gazette de France de 1844. Ces Réflexions sont peu profondes ; elles sont l’œuvre d’un jeune homme qui prend des réminiscences et des lieux-communs pour des découvertes. Nous y trouvons des généralités honnêtes et peu neuves sur la patrie l’opinion, l’éducation, la noblesse, la religion, la propriété. Il y règne, il est vrai, une modération que M. de Genoude a souvent oubliée depuis. À cette époque, il n’injuriait pas la philosophie, et il disait que les rois doivent être soumis aux lois décrétées en commun par l’autorité royale et une représentation nationale. Ces sentimens sont louables, mais c’est se moquer que de vouloir y attacher une valeur politique. Après les Réflexions viennent des Voyages. M. de Genoude a parcouru la Suisse en 1814, la Vendée en 1819, le midi de la France en 1820 ; il a visité Rome et Londres en 1840 ; à chaque époque, il a écrit des fragmens ou lettres pour peindre les impressions qu’il avait éprouvées dans ces diverses courses ; ces fragmens et ces lettres sont réimprimés aujourd’hui. De tous ces récits, le meilleur est incontestablement celui qui