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juillet. Par là, les mouvemens des Italiens se réduisaient à des insurrections artificielles élaborées dans les comités secrets ; quand ils se déclaraient, ils ne faisaient que démasquer des conspirateurs, et l’inquisition italienne, fortifiée par la gendarmerie impériale, renouvelait en 1831 les sacrifices de 1799. La révolution ne devenait populaire et partant redoutable que dans la Romagne, qui réclame des codes et des lois modernes. Toutefois la publication d’un code ne peut pas être la dernière conquête de la révolution en Italie : le code conduit à des institutions libres, et le bien-être qui en résulte favorise les tendances libérales ; mais la révolution ne peut être admise dans les intérêts sans se produire dans les idées. C’est pourquoi, en Italie, les sociétés sécrètes se renouvellent avec les générations ; il faut chaque jour des sacrifices sanglans pour les contenir ; l’Autriche ne peut garder le juste milieu, elle doit prêter ses forces à la contre-révolution, elle a dû revenir sur le libéralisme de Joseph II ; son système s’use : on gouverne par la terreur, et la terreur n’a rien résolu. Après des efforts multipliés, les deux partis de la révolution et de la contre-révolution sont encore en présence. La contre-révolution se personnifie surtout dans le gouvernement temporel de l’église, dans les jésuites qui envahissent la Haute-Italie, dans les royalistes du Piémont, de Modène, qui se rapprochent tous les jours du gouvernement pontifical. Invariable dans ses allures, la contre-révolution compte toute une série de tristes souvenirs : les massacres de Vérone, de Lugo, les assassinats des briganti, les pillages de l’armée chrétienne du piémont, les excès de Fra Diavolo, de Mammone, la vie de Ferdinand IV, de Caroline d’Autriche, de Cosa, du duc de Modène, de Ruffo, les capitulations violées de Saint-Elme et d’Ancône. Elle agit par la police, par les sanfédistes, par les commissions militaires, se maintient à force d’exécutions ; elle a brûlé à Palerme, par la main du bourreau, le code Napoléon, et quatre fois elle a appelé les armées de l’Autriche sur tous les points de l’Italie. La révolution s’est personnifiée à son tour dans les mille victimes que le parti libéral a données à l’exil, à la prison, à l’échafaud ; elle ne peut oublier ni l’uniformité des lois italiennes, bienfait du règne de Napoléon, ni la promesse du royaume d’Italie ; elle se souvient aussi des républiques du directoire. La contre-révolution a désarmé les citoyens, armés les populaces, favorisé l’espionnage, ranimé en Italie les mœurs impures de la décadence. La révolution a protégé l’agriculture, le commerce, l’industrie, la pensée ; depuis 1814, elle a gagné à sa cause la littérature tout entière : le talent, quelle que soit la forme sous laquelle il se manifeste, est considéré aujourd’hui comme une espérance