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cruautés du cardinal Pallotta à Frosinone, les édits du cardinal Rivarola, dictateur dans les quatre Légations, voila les moyens avec lesquels Léon XII lutta contre le mouvement révolutionnaire.

Le gouvernement de Rivarola, dans la Romagne, mérite de fixer notre attention ; il a ouvert une nouvelle période dans l’histoire de ce pays. Les carbonari et les sanfédistes des basses classes de Faenza prenaient le nom de chiens et de chats pour exprimer leurs antipathies, et se battaient tous les soirs dans les rues à coups de couteau ; les assassinats se multipliaient. Rivarola commença par défendre aux habitans de sortir le soir sans lanternes allumées, sous peine de sept ans de galères : un coup de vent qui éteignait la lumière jetait ainsi les honnêtes gens entre les mains de la police. Il va sans dire que la police de Faenza, pleine de tendresse pour les chats, ne sévissait que contre les chiens, et les querelles continuaient. Alors Rivarola imagina de fondre les deux partis au moyen de vingt mariages : il proposa vingt dots se fit entremetteur de mariages, et il célébra les noces des chiens et des chats avec la plus grande solennité Au bout de quelque temps, la prime des dots fut dissipée en orgies, les vingt couples se séparèrent à coups de poings, et les deux partis étaient plus exaspérés que jamais. C’était bien pis à Ravenne. La sentence de juillet 1825 du cardinal Rivarola proclamait en toutes lettres que la ville, depuis quelques années, était déchirée par les partis. Le cardinal, afin de la pacifier, condamna d’un seul coup tous les carbonari, c’est-à-dire, 30 nobles, 156 propriétaire et négocians, 2 prêtres, 74 employés, 38 militaires, 62 médecins avocats, ingénieurs, etc, 246 ouvriers ; en tout, 508 personnes. Deux individus furent exécutés, quelques centaines envoyés aux galères, les autres soumis à la plus stricte surveillance de la police. Parmi les obligations imposées aux derniers, on trouve celles de transmettre tous les mois à la police un de confession signé par un confesseur approuvé, et de communier tous les ans, après trois jours. De retraite dans un lieu indiqué par l’évêque, sous peine de trois ans de travaux forcés. Après avoir sévi, Rivarola publia, une amnistie. Voici l’amnistie du cardinal, interprète des douces dispositions du cœur paternel de Léon XII. On pardonne aux carbonari qui n’ont pas été remarqués (c’est-à-dire à ceux qu’on n’avait pas découverts) ; on excepte, de ce pardon tous ceux qui seraient gravement soupçonnés, ou que l’on découvrirait mandans ou mandataires, ou auteurs spontanés des faits déjà accomplis ; on excepte également les complices connus ou inconnus des troubles qui ont donné lieu aux procès encore pendans de Pesaro et de Rome. — Afin de pourvoir dans l’avenir au maintien du bon