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REVUE LITTERAIRE.




HISTOIRE. - PHILOSOPHIE. - POESIES. - THEATRES.




Si les études historiques sont tant en faveur, ce n’est pas que nous soyons en quête de leçons, et bien désireux de demander conseil aux générations disparues ; ce n’est pas non plus par un mouvement de piété filiale que nous nous jetons avec empressement sur les traces des ancêtres, et que nous nous plaisons à les suivre pas à pas, insistere vestigiis. Nous sommes trop orgueilleux pour chercher des conseils ou des leçons ailleurs qu’en nous-mêmes, et nous ne sommes pas assez pieux pour aller nous agenouiller dévotement sur des tombeaux. Aujourd’hui, on ne consulte pas l’histoire comme on allait consulter l’oracle, et l’on ne remonte pas vers le passé comme on fait un pèlerinage à la Mecque. Le plus grand nombre de ceux qui se poussent vers les études historiques, et encombrent maintenant des avenues naguère assez peu fréquentées, obéissent plutôt à un besoin de l’esprit qu’à un instinct du cœur, plutôt à une vocation littéraire qu’à un sentiment religieux ou à une passion philosophique. On a beau avoir proclamé de toutes parts l’avènement de la philosophie de l’histoire, arboré haut ce pavillon, inscrit la devise sur toutes les banderoles ; dès qu’on aborde les travailleurs l’un après l’autre, On aperçoit beaucoup plus d’érudits et de peintres que de philosophes et d’hommes d’état.

Est-ce un grand mal ? je crois le contraire. A moins d’être un de ces talens souverains qui savent tout ramener à un centre commun avec une irrésistible puissance qui rayonnent naturellement et jettent de la lumière sur tout