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MADEMOISELLE

DE LA SEIGLIÈRE.


QUATRIÈME PARTIE.[1]


VIII.


Des semaines, des mois s’écoutèrent. Toujours prêt à partir Bernard ne partit pas. La saison était belle ; il chassa, monta les chevaux du marquis, et finit par se laisser aller au courant de cette vie élégante et facile qui s’appelle la vie de château. Les saillies du marquis lui plaisaient ; bien qu’il conservât encore auprès de Mme de Vaubert un sentiment de vague défiance et d’inexplicable malaise, il avait subi cependant, sans chercher à s’en rendre compte, le charme de sa distinction, de sa grâce et de son esprit. Les repas gais, les vins étaient exquis ; les promenades, à la nuit tombante, sur les bords du Clain ou sous les arbres du parc effeuillé par l’automne, les causeries autour de l’âtre, la discussion, les longs récits, abrégeaient les soirées oisives. Lorsqu’il échappait au marquis quelque aristocratique boutade qui éclatait comme un obus sous les pieds de Bernard, Hélène, qui travaillait sous la lueur, de la lampe à quelque ouvrage d’aiguille,

  1. Voyez les livraisons du 1er et du 15 septembre, et du 1er octobre.