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immortelle, Werther contemplant Charlotte, Virginie serrant la main de Paul, valent mieux, selon nous, que tout le glossaire métaphorique de l’école pittoresque. Qu’on y songe, ni l’inspiration ni le style n’ont manqué à notre temps ; ce qui a fait défaut, c’est tout simplement le bon sens et le naturel, lesquels ne font pas les grandes littératures, mais peuvent seuls les consacrer. M. Gautier est jeune ; il est encore temps pour lui de se soustraire aux enchantemens de la sirène. Son talent original et plein de sève se régénérerait par des doctrines plus saines, par une pratique assidue et sérieuse. Dès-lors, nous le croyons, une place tout-à-fait brillante et peut-être durable lui serait réservée dans la littérature d’aujourd’hui. Nous espérons que M. Gautier verra là de notre part un vœu plutôt encore qu’un conseil ; il nous répugnerait trop de penser que dans cette histoire rétrospective des grotesques oubliés le spirituel écrivain n’aurait réussi qu’à être un prophète.


CHARLES LABITTE.