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ESQUISSES DE MŒURS POLITIQUES.

PREMIER DÉPUTÉ.

Taisez-vous, puritain. Si le ministère tombe, vous pourrez bien grossir cette liste impure.

TROISIÈME DÉPUTÉ.

Je vous jure…

PREMIER DÉPUTÉ.

Il ne faut jamais jurer de rien.

DEUXIÈME DÉPUTÉ.

Hav… a pris un cabriolet et est allé chercher ce pauvre Br… qui est à la mort, mais qui a exigé qu’on le prévînt. Il viendra, quoi qu’on fasse. Quel dévouement ! C’est toujours le vieux soldat de l’empire.

PREMIER DÉPUTÉ.

J’espère bien que Hav… a voté avant de partir.

DEUXIÈME DÉPUTÉ.

Je crois bien.

PREMIER DÉPUTÉ.

Vous vous rappelez ce qui est arrivé au marquis de M… lors du vote de la loi de la disjonction, il était allé, sans déposer sa boule, chercher Mag… qui était malade. Il le prend au lit, lui laisse à peine le temps de s’habiller, le pousse dans une voiture de place, promet 10 francs au cocher, et le ramène en triomphe. Quelle joie ! c’étaient deux voix pour le ministère… Il apprend, en traversant le pont, que la loi était rejetée à une voix de majorité !

TROISIÈME DÉPUTÉ.

Avez-vous remarqué le général K… et le vicomte C… ? Comme ils se démènent ! Depuis le commencement de la séance, ils courent sur tous les bancs, ils parlent à l’oreille à ceux des leurs qu’ils rencontrent. La journée coûtera cher au ministère, en cas de succès. Si j’étais des centres, je voterais contre le cabinet, rien que par économie.

UN HUISSIER.

Le scrutin va être fermé ; ceux de MM. les députés qui n’ont pas voté…

DEUXIÈME DÉPUTÉ.

Allons voter. Surtout ne vous trompez pas.

PREMIER DÉPUTÉ.

Ne craignez rien. C’est une boule noire qu’il faut, et je n’en mets jamais d’autre.

(Ils rentrent dans la salle des séances.)

Scène III.

DEUX DÉPUTÉS des centres, puis le VICOMTE C…

Les ministres ont peur.

PREMIER DÉPUTÉ.