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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.


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14 octobre 1844.


Nous ne sommes pas de ceux qui blâment le voyage du roi à Windsor. À nos yeux, ce voyage était commandé par de hautes convenances : le roi des Français devait rendre la visite reçue au château d’Eu : il était tenu d’acquitter cette dette de courtoisie. Ajoutez que le voyage avait été annoncé pendant plusieurs mois ; ne pas le faire, c’eût été provoquer une rupture. Pourquoi cette offense aurait-elle été commise envers la reine Victoria ? Parce que la politique de M. Guizot a été aventureuse et imprévoyante ! Grace à Dieu : la gloire récente de nos armes a couvert les faiblesses de notre diplomatie, et le voyage du roi a pu se faire sans blesser la dignité de la France.

Il est pénible, dit-on, il est affligeant pour le pays de voir une amitié si vive régner entre les deux consonnes lorsque de graves dissentimens séparent les deux peuples. Nous ne poussons pas aussi loin la susceptibilité. Veut-on que la France et l’Angleterre cessent d’être divisées ? Si l’on a ce désir, pourquoi verrait-on d’un œil chagrin les sentimens affectueux qui lient les deux couronnes ? Ces sentimens mieux secondés ne pourront-ils pas servir un jour à unir la France et l’Angleterre dans une intimité étroite, à réparer les fautes commises par leurs gouvernemens, à fonder une politique nouvelle établie sur de meilleures bases et plus conforme aux intérêts des deux nations ?

Quant à présent, il ne faut pas oublier une chose, c’est que le roi des Français a rendu sa visite à la reine Victoria, et non pas au peuple d’Angleterre. Telle a été la pensée du voyage dans l’esprit du roi. Cela ressort des