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MM. Metaxas, Coletti et Maurocordato s’étaient unis dans le but de faire une constitution raisonnable et de fonder un gouvernement régulier. MM. Coletti et Maurocordato, peut-être à tort, n’avaient pas voulu entrer dans le cabinet ; mais comme députés, comme, vice-président, ils donnaient à M. Métaxas l’appui le plus sincère et le plus singulier, tandis que MM. Coletti et Maurocordato, restant fidèles au pacte, soutenaient et faisaient passer les mesures ministérielles, ces mesures commençaient à trouver un adversaire dans M. Metaxas, premier ministre. Au bout d’un certain temps, M. Metaxas se trouva donc en dissentiment avec MM. Coletti et Maurocordato, avec une portion de ses collègues, avec la majorité de l’assemblée. Une telle situation n’était pas tenable, et M. Metaxas dut, comme M. Rhiga-Palamidis, donner sa démission. Ce changement, dans la situation, dans les opinions de M. Metaxas, résultait-il de quelque grief inconnu, ou bien cédait-il sans s’en apercevoir à l’influence de la légation russe et de ses anciens amis ? il est difficile de le dire. Quelle qu’en fût la cause, sa retraite, en brisant le faisceau qui jusqu’alors avait uni dans une pensée, dans une action commune les hommes les plus éminens des trois partis, était un événement considérable et un échec sérieux. On sait que la plupart des collègues de M. Metaxas, notamment M. Loudos, restèrent au pouvoir, et que le vieux et illustre Kanaris consentit à se laisser investir ministère, le jour où la constitution, acceptée par le roi, put être définitivement proclamée.

Voici quelle était à cette époque la position des partis. Le parti russe, reconstitué et dirigé par M. Zographos, continuait à exploiter habilement les sentimens religieux et politiques qui ont fait la dernière révolution, et ce parti exerçait ainsi sur le pays une assez grande influence. En même temps l’opposition démocratique, recrutée surtout parmi les Péloponésiens, s’agitait de plus en plus, et troublait l’ordre sur plusieurs points du pays. Dans cette situation, la solution la plus raisonnable, la plus naturelle, était sans contredit celle par laquelle MM. Coletti et Maurocordato devenaient ensemble membres d’un nouveau cabinet Tout, à vrai dire, semblait rendre cette solution désirable et facile : le besoin d’opposer au parti démocratique coalisés toutes les forces réunies du parti constitutionnel modéré, l’entente cordiale qui, pendant toute la durée du congrès, n’avait cessé de régner entre les deux hommes d’état dont il s agit, la nécessité enfin de représenter au pouvoir, dans ce qu’ils