Page:Revue des Deux Mondes - 1844 - tome 7.djvu/953

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ELLEN MIDDLETON


BY LADY GEORGIANA FULLERTON[1]




Cette œuvre nouvelle est curieuse, en ce qu’elle émane d’une situation morale exceptionnelle et d’un état de mœurs particulier aux classes supérieures de l’Angleterre. Tout y est subtil et exalté ; rien n’y est faux. La religion y devient poésie, la poésie métaphysique, la souffrance de l’ame dépasse, domine et entraîne la souffrance du corps, la délicatesse s’y raffine jusqu’à l’extrême, et le scrupule s’y exagère jusqu’au supplice. Si l’on passe sans transition des nouveaux romans américains à une telle œuvre, on aura franchi tout le diamètre qui sépare l’excessive brutalité démocratique des derniers raffinemens d’une aristocratie vieillie et usée dans le luxe, le pouvoir et la conscience de sa force.

Nous sommes dans un de ces comtés de l’Angleterre où la main de l’homme adoucit et fait valoir, par une culture assidue de quinze siècles, les aspects et les graces sauvages de la nature. Là vivait, entre 1820 et 1830, une famille riche et considérée. Le manoir habité par elle ne pouvait être cité comme un modèle de goût ; toutes les époques de l’histoire anglaise avaient contribué à cette étrange architecture ; l’art

  1. 3 ; vol. post-octavo, Londres, 1844 ; Paris, chez Galignani, rue Vivienne.