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le Capivari, rendent le séjour de Fernambouc très malsain ; après la saison des pluies, les eaux accumulées ne trouvent pas d’écoulement ; elles remplissent les maisons, et l’évaporation cause des fièvres qu’il est difficile aux étrangers d’éviter. Depuis quelques années, le gouvernement a entrepris des travaux d’art pour favoriser l’écoulement des eaux. Des digues sont commencées pour arrêter les débordemens. On attend avec confiance l’achèvement de ces travaux, dirigés par un ingénieur français, M. Vauthier. Déjà un bateau employé au curage du port a produit une amélioration notable. Les bâtimens qui ont un tirant d’eau de dix pieds arrivent jusqu’aux magasins de coton ; auparavant ils devaient rester à distance, faute de profondeur nécessaire.

Les revenus de la douane s’élèvent à environ 5 millions ; l’année de 1841 à 1842 présentait un déficit de 300,000 francs sur les années précédentes. Cette diminution dans les revenus était attribuée à la mauvaise récolte du coton et au bas prix des sucres de la province. Le coton de Fernambouc, recherché jadis à cause de ses longues soies, ne peut plus supporter la concurrence avec le coton des États-Unis ; la différence de prix est hors de proportion avec la différence de qualité. Aujourd’hui, l'arrobe (trente-deux livres) se vend 15 francs. Les frais de transport absorbent tous les bénéfices du cultivateur, et le coton n’est enlevé que par les bâtimens qui ne peuvent obtenir d’autres objets d’échange pour compléter leur chargement de retour. Le sucre, quoique d’une qualité inférieure à celui de Rio-Janeiro, par suite de la négligence apportée à la fabrication, est devenu le produit le plus important de la province ; ce sont les négocians allemands qui enlèvent cette denrée. Les rapports avec l’Angleterre ont à peu près cessé ; les États-Unis et Hambourg pourvoient presque seuls aux besoins de la province. Le commerce avec la France est insignifiant. On ne compte à Fernambouc qu’un petit nombre de maisons de négocians français, mais beaucoup de magasins de détail. Les autorités de la province ont compris l’avantage qui résulterait pour tous d’une amélioration dans la fabrication du sucre. Un de nos compatriotes, ancien planteur des colonies, a reçu pour mission d’indiquer à tous les propriétaires les changemens à introduire dans les moulins pour écraser la canne, et dans les chaudières destinées à la cuisson. La question de la qualité du sucre est d’autant plus importante pour le planteur, que les droits seuls de transport doublent les frais. Obtenir une qualité supérieure à des prix plus élevés doit donc être le but de tous les propriétaires : il leur suffit d’adopter quelques changemens faciles pour améliorer leur situation, et les autorités ont raison de chercher