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dit-on, mais qui n’a été qu’imparfaitement explorée ; je remarquai pourtant des traces d’anciennes galeries, aujourd’hui fermées par les éboulemens intérieurs.

Mon attention fut appelée à Villa-do-Principe sur l’état d’incurie où on laisse le cours des rivières. Le Rio-do-Peixe va se réunir au Rio-San-Antonio, qui se jette dans le Rio-Doce. On conçoit de quelle importance il serait pour ce district éloigné qu’une navigation régulière fût établie sur le fleuve. Une compagnie anglaise avait été formée, des bateaux à vapeur devaient remonter le Rio-Doce jusqu’à l’embouchure du Rio-San-Antonio. La compagnie, qui avait obtenu la concession de toutes les forêts bordant les rives du fleuve, forêts consistant en bois du Brésil, dont la valeur est très grande en Europe, et qui aurait été exporté en franchise de droit, paraît avoir été découragée par les difficultés que présentent les nombreux rapides du Rio-Doce. Un bateau à vapeur destiné à cette navigation était mis en vente ; un des directeurs de la compagnie voulut recourir à un dernier moyen et donna au gouvernement l’assurance qu’il remplirait au nom de la compagnie toutes les conditions qui lui étaient imposées, si on voulait le soutenir et faciliter son entreprise. Je crois que ce projet de navigation sera abandonné. Les Anglais se borneront à exporter une grande quantité des bois qui leur sont concédés ; ils ne voudront pas risquer dans une navigation périlleuse des bateaux à vapeur qui seraient bientôt mis hors d’état, tant à cause des rochers qui interrompent le cours de la navigation qu’à cause des arbres entraînés dans le lit de la rivière, et qu’il serait difficile de retirer.

Les Anglais ne sont pas seuls à défendre au Brésil la cause de la civilisation ; mais ces nobles efforts échouent le plus souvent contre l’apathie du gouvernement et de la population. Une exploration a été faite en 1837 par un Français, afin de reconnaître le Rio-Micuri, qui coule à peu de distance de Minas-Novas. La rivière a été reconnue navigable ; après dix jours de navigation dans un canot creusé sur le bord même de la rivière, M. Veyssière est arrivé à la mer. Son rapport a dû démontrer au gouvernement brésilien les avantages que pourrait offrir cette nouvelle voie de communication ; cependant rien n’a été fait jusqu’ici pour en tirer parti. Le gouvernement fait grand bruit de toutes ces missions ; il annonce à l’avance les immenses résultats qu’elles doivent produire, puis on abandonne les travaux commencés. L’état de malaise, de dénuement presque absolu de la province de Minas, la plus peuplée du Brésil, mérite vraiment une sérieuse attention, et il serait temps qu’on introduisît quelques changemens