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couvrir ses frais. Il n’y a aujourd’hui qu’une seule fonderie de quelque importance dans la province de Minas ; elle appartient à un Français qui la dirige lui-même, et cette fonderie, qui occupe un grand nombre d’esclaves, assure, dit-on, des revenus considérables à notre intelligent compatriote. Je continuai ma route avec le regret de ne pouvoir visiter cet établissement, situé à quarante milles de Congo-Soco.

La rivière de Conceicao, dont le cours est interrompu par des chutes d’eau fort élevées, offre des sites imposans et sauvages ; des masses de roches, de plus de cent pieds de hauteur, s’élèvent au-dessus de ses rives ; de belles forêts encore vierges étendent leurs branches jusqu’au lit du fleuve, dont les eaux écumantes bondissent avec bruit. La nature, livrée à elle-même, semble se complaire à orner ces lieux abandonnés de tout le luxe d’une végétation puissante. Malheureusement il faut quitter bientôt les bords de la rivière et traverser des plaines arides pour arriver à Conceicao, qui vient d’être érigé en ville par la dernière assemblée de la province. Cette ville n’est qu’une misérable bourgade ; toute sa richesse consiste dans les fromages que les habitans expédient par milliers. De Conceicao à Villa-do-Principe, les habitans comptent dix lieues. La saison des pluies était commencée, et les chemins que le soleil seul doit réparer étaient tellement difficiles, qu’il me fallut deux jours pour parcourir cette distance. De nombreuses rivières coupent la route ; on les passe soit à gué si elles ne sont pas trop profondes, soit à la nage quand il n’y a pas un pont construit par les propriétaires voisins. Le pont, consistant en un arbre jeté d’une rive à l’autre, ne peut servir pour les chevaux ; il faut donc transporter le bagage à dos d’homme, tandis que les chevaux traversent la rivière en nageant. Et qu’on ne croie pas que ces obstacles multipliés soient le propre d’un pays désert ; c’est dans une des provinces les plus importantes de l’empire que les voyageurs ont à lutter contre ces périls et ces fatigues. La route que je suivais et qui va de Rio-Janeiro au district des Diamans est une des plus fréquentées du Brésil.

Villa-do-Principe, ou Ciudad-do-Serro, est situé à l’entrée du district des Diamans. Cette ville compte quatre mille habitans. Le commerce des diamans occupe la classe la plus riche de la population ; c’est cette classe qui a pris parti pour le gouvernement dans les derniers troubles de la province. Un grand nombre de nègres trouvent des moyens d’existence dans le lavage des sables du Rio-do-Peixe, qui charrie des grains d’or presque pur ; quant aux diamans qu’on retirait autrefois du fleuve, il y a plusieurs années qu’on n’en a trouvé un seul. Villa-do-Principe est dominée par une haute montagne fort riche,